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Re: Droits d'auteur & co. (encore)


From: Éditions IN NOMINE
Subject: Re: Droits d'auteur & co. (encore)
Date: Tue, 11 Jan 2011 09:48:15 +0100
User-agent: Thunderbird 2.0.0.24 (X11/20101027)



Pascal Legris a écrit :
Je ne sais pas si on peut dire ça, il me semble que c'est un peu plus subtil.
Le droit d'auteur a été créé à l'origine pour protéger les auteurs contre toute 
forme d'utilisation commerciale non autorisée par l'auteur, et donc de protéger 
les auteurs des éditeurs, pas de créer des murs entre le publics et les 
auteurs. Je ne suis pas sûr que ces lois sont encore entendues dans ce sens.
Je ne connais pas bien le sujet droit d'auteur, mais bien le code du travail. Et effectivement, il y a un gros travail à faire sur soi pour considérer que la loi est faite à l'origine pour protéger le citoyen qui en a besoin plutôt que de sanctionner le citoyen contrevenant. Le code civil est encore très pénétré de cette idée : l'État est là pour protéger le citoyen. C'est marrant, mais aujourd'hui, on a vraiment du mal avec ça :-\
Dans le domaine technique, une simple idée n'est jamais brevetable, mais dans 
le domaine artistique, on nous fait quelquefois passer des vessies pour des 
lanternes.
On ne peut en principe pas assimiler une œuvre d'auteur à une simple idée. Il y 
a un énorme travail autour des idées de départ pour aboutir à une œuvre. Je 
sais bien que quelques artistes ont essayé avec plus ou moins de succès de 
faire passer l'idée de départ pour l'œuvre, mais c'est loin d'être une 
situation générale. Les droits d'auteur protègent ce travail et c'est normal. 
On ne peut pas accepter que quelqu'un s'approprie du travail d'un autre sous 
prétexte d'amélioration sauf si l'auteur premier donne son autorisation.

On peut pas breveter la concept de la fugue, alors ? Dommaaaaage !
Dans le cadre du logiciel libre, l'auteur abandonne explicitement ses droits, mais il y a une contrepartie énorme : la possibilité d'utiliser le travail des autres contributeurs. Il n'y a pas de contreparties financières, mais il y a un vrai contrat de licence.
Merci de souligner ce point qui me "déculpabilise" quant à mon utilisation professionnelle (et donc liée à un intérêt personnel) d'un outil communautaire. Il est pour moi difficile de toucher du doigt l'équité de la chose. Mais tu as raison : l'échange de savoir est un luxe qui va bien au delà de toute considération économique. A moins que l'OMC ait mis des chiffres $ là-dessus aussi...
Ce principe est parfaitement applicable en musique, c'était d'ailleurs un mode 
de fonctionnement relativement usuel jusqu'au XIXè siècle. La réutilisation 
d'une partie d'une œuvre était plutôt considéré comme un hommage à l'auteur 
premier et le travail fait sur cette œuvre initiale était également 
considérable.
Je pense que c'est un nœud de la discussion en cours. La tentation à laquelle je cède volontiers est de trouver injuste l'idée de reprendre à titre personnel voire communautaire des parties de musique protégées. J'ai rencontré la semaine dernière un directeur de conservatoire qui est aussi éditeur d'ouvrages pédagogiques. Il avait utilisé/enregistré un extrait de Ravel édité par Lemoine (flûte, on avait dit pas de nom !)(2 violons + violoncelle d'une parto d'orchestre, les 20 premières mesures) pour montrer, en audio, la notion de crescendo, un truc comme ça. Lemoine lui est tombé dessus avec un beau procès autour de la notion "extrait court" (on a le droit d'utiliser un extrait sans payer de droit quand c'est pour usage pédago, critique, ou un troisième cas dont je ne me souviens plus). Et David a perdu contre Goliath, avec une question en suspens ; "Mais alors, un extrait court, ça a quelle longueur ?" (amende de 500 000 FF quand-même). Alors, je ne connais pas les détails de l'affaire donc je ne m'étends pas plus que ça.

Mais ce qui reste de l'histoire c'est le sentiment d'injustice, qui est au cœur de nos discussions. S'il y a sentiment d'injustice, c'est pour deux raisons à mon sens (je vais dire JE pour n'engager que moi) : 1. je suis un "gentil", ie je n'ai aucune idée crapuleuse dans la tête, et je veux faire de la musique, la musique c'est partager une passion, etc, etc. O:-) 2. les affaires dont j'entends parler mettent toujours en cause des gros contre des petits, et ce sont souvent les gros qui gagnent (oooh la méchante généralité !), je veux dire : la justice est un très beau bijou que tous ne peuvent pas se payer. Donc dans mon usage de la musique sans arrière pensée, je garde un sentiment de réserve vis-à-vis de certaines institutions dont je sais instinctivement qu'il ne faut pas que je m'en approche trop... L'édition de musique ancienne est de tout repos de ce côté...

Bref, vu de ma fenêtre, le droit d'auteur devient un vaste système exprès pour empêcher les honnêtes gens de faire de la musique. Cette conclusion est évidemment caricaturale et fausse, mais je parle uniquement de sentiment.

Il est donc effectivement important de rappeler, comme tu le fais, que le droit d'auteur est là pour *protéger* les droits élémentaires du compositeur ("on demande la permission avant d'utiliser", ce qui est une autre vision plus positive de "photocopie interdite"), non, à la base, pour ériger des empires.

amen !

Bon, j'ai l'intention (encore une !) de me cogner un code de la propriété intellectuelle (même pas peur ! Le code du travail est autrement plus aride : les grues, les congés, la prévention, les rayonnements ionisants, ahhh, Dalloz, quand tu nous tiens..). Le pb va être comme toujours d'amender ça avec la jurisprudence, mais bon, les bases sont toujours utiles. Mais bon, la dernière édition du Dalloz date de 2010 et intègre Hadopi, donc on est sauvé ! A ce propos, certains d'entre vous connaîtraient peut-être des juristes à sensibilité libre qui sauraient nous conseiller sur le sujet ?

Portez-vous bien en cette belle journée pluvieuse et froide (sur Lyon du moins) !

JMarc
Le 9 janv. 2011 à 20:12, phijazz a écrit :

Le droit d'auteur, ça sert à rien.
Juste à accorder un monopole de l'état au détriment de la concurrence et du
consommateur, empêchant l’amélioration d'œuvres précédentes pour des causes
totalement arbitraires et non prouvées.
Sans compter que ça coûte à faire respecter.

Les pays où la propriété intellectuelle était moindre n'étaient pas des
tares en production culturelle, loin de là même. Shakespear n'a fait que reprendre des histoires populaires, Proko a repris
beaucoup de thèmes populaires.
Les projets GNU en sont la preuve.

L'idée de propriété est lié à la rareté de la ressource. Les idées
sont-elles une ressource limitée ?
--
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