Tu ne dors jamais ?
Le 12 janvier 2011 01:29, phijazz <address@hidden> a écrit :
Ok, un point pour toi. Mais l'Etat c'est toi.... nous sommes en démocratie...
Non, je ne suis pas l'état. L'état est une organisation dont la mission
supposée est de protéger le citoyen qui lui a confié le monopole de la
violence(armée, police) pour assurer sa sécurité, sa défense et dont la
première capacité est d'utiliser cette force pour contraindre les autres afin
d'accomplis sa mission ou de la détourner.
Ouais, mais l'Etat s'occupe également des écoles, des routes, de la
santé, du chômage, etc.... Je sais bien qu'en France depuis que le
peuple a élu Sarkozy, on parle surtout de sécurité, de police et de
violence, mais tout de même..... il n'est président que depuis 4 ans,
et avec un peu de chance (j'espère pour vous), en 2012 ça va
changer..... un peu. Tu remarqueras que je dis vous.... je ne suis pas
en France.....
La démocratie, c'est simplement un système ou on choisit ses dirigeants parmi
un éventail de personnes qui se proposent, faisant le paon pour séduire
l'électeur avec des discours, et progressant dans leurs corporations politiques
grâce à je ne sais quelles intrigues.
La démocratie est probablement le moins pire des systèmes, mais il ne faut pas
pour autant l'idéaliser.
Je suis d'accord et n'ai pas dit le contraire. Comme je viens de le
dire, je ne suis pas en France. Je suis en Suisse. Les Suisses
viennent de voter une affreuse loi qui permet le renvoi systématique
des étrangers qui commettent des délits. Cette loi est passée, avec
52% de "oui". On parle alors de victoire "écrasante"..... pourtant,
48% de gens ont voté "non" ! C'est pas rien. Mais c'est ça la
démocratie.... Comme tu dis, le moins pire des systèmes, mais
certainement pas un système satisfaisant pour autant.
Ben Kaoma n'existe pas vraiment, si "Kaoma" a percé c'est surtout parce que TF1 était
derrière.... Pas pour le talent de "Kaoma".
Kaoma a hyper fonctionné au Brésil. Le monde ne s'arrête pas à la France.
Je sais, d'ailleurs, je ne suis pas en France ;-) Mais n'exagérons
rien non plus.... Voici ce qu'en dit Wikipedia :
" Des producteurs français rapportent du Brésil le rythme de la
lambada en France, en adaptant et en faisant enregistrer par le groupe
Kaoma la mélodie de la chanson Llorando se fue, du groupe bolivien de
musique andine Los Kjarkas. Ils ne déclarent cependant pas à la SACEM
le nom des auteurs de la version originelle de la chanson. Ceux-ci
feront valoir leurs droits et obtiendront gain de cause[1].
En 1989, le vidéo-clip diffusé en boucle à la télévision va faire de
la lambada le tube de l'été. La Lambada est, en France, dans le top 10
des chansons les plus vendues de tous les temps (1 735 000
exemplaires).
Kaoma sortira d'autres tubes comme Dançando La Lambada et Tago Mago.
Chico et Roberta, les deux enfants que l'on voit dans le clip, vont
sortir eux aussi un 45 tours, Frente a frente. Loalwa Braz, la
chanteuse de Kaoma, a ensuite fait une carrière solo.
Le succès de cette chanson sera mondial mais très bref. "
Tu confonds vente de CD et droits d'auteurs. Certes, en tant que compositeur, je touche
des droits de reproduction mécanique, au moment de la fabrication du CD. Et ce sont déjà
des sommes assez importantes quand un CD est tiré à plusieurs millions d'exemplaires. Et
ça ne change rien à ce que je dis. Le partage des 10% dont tu parles ce fait bien comme
je le dis. En se déclarant auteur de la chanson "Kaoma" touchait 100% des 10%
en question.
En effet, il s'agit d'un pourcentage sur la vente négocié entre l'auteur et
l'éditeur.
Non, pas du tout ! Là c'est toi qui confond royalties et droits
d'auteur. Les droits de reproduction mécanique n'ont que peu de
rapport avec le prix de vente. En Suisse c'est la SUISA qui gère cela.
C'est elle qui calcule le prix de ces droits. Pas l'éditeur !
Je dois dire que je ne vois pas la raison pour laquelle on devrait demander
pour rejouer ou améliorer la composition de quelqu'un d'autre. Pour moi,
rejouer l'œuvre de quelqu'un, c'est comme répéter une phrase dite par quelqu'un.
Déjà par simple courtoisie.
Si j'achète une voiture, je n'ai pas à demander l'autorisation au constructeur
si j'ai envie de la repeindre ou de modifier le design et puis la revendre.
Ca n'est pas pareil du tout. Ce que tu dis, c'est comme si tu parlais
d'acheter un CD, le repeindre et le revendre. Ben ça, tu peux ! Dans
le cas de la voiture, tu n'as pas le droit de fabriquer une voiture en
copiant le design d'un modèle existant et dire que c'est toi qui l'a
inventée.
C'est un très bon exemple que tu as trouvé là ! Mais qui dessert ton
propos. Mettons que tu achètes ta voiture 10000 euros. Tu la
customises, puis tu la revends, mettons 12000 euros. Tu as donc gagné
2000 euros dans l'affaire. Ces 2000 euros, c'est ton bénéfice, et
c'est ce qui te reviens pour ton travail, ta création. Mais les 10000
euros de base, sont bien allé dans la poche du concepteur original.
Après, tu peux bien décider que tu as trouvé un créneau, et commencer
à faire un vrai commerce avec ton idée. Mais à chaque fois tu vas
devoir acheter le véhicule original, à chaque fois !
C'est la même chose avec une chanson. Si tu crées un nouvel
arrangement, tu dois payer le "véhicule" original à chaque vente, mais
tu tires bénéfice de tes améliorations, avec ta part en tant
qu'arrangeur.
Ce qui te dérange, dis-tu, c'est le fait de devoir demander
l'autorisation. Je trouve aussi que c'est un peu problématique. Mais
cela n'a rien à voir avec le droit d'auteur, mais plutôt avec le fait
de garder le contrôle de sa création.
Si j'achète un PC, je peux changer les composants pour l'améliorer sans devoir
demander l'autorisation.
Bien entendu. Tout comme tu peux changer l'égalisation sur ta chaîne
hifi. Ou décider de copier le contenu de ton CD sur ton lecteur MP3
pour écouter les chansons dans un autre ordre. Mais tu ne peux pas
revendre une copie de ton CD tout en gardant l'original. C'est
discutable, je suis d'accord. Mais c'est toi qui compares des choses
qui ne sont pas tout à fait comparable. Tu fais ce que tu veux de
l'objet physique, mais pas de l'oeuvre.
Pourquoi, lorsque j'achète un livre, si je change une partie du contenu sans
l'autorisation de l'auteur, je suis hors la loi ? Pour moi, c'est une
différence qui n'est due qu'à une mystification de l'art.
Parce que tu achètes le livre, pas l'oeuvre !
Disney n'a demandé l'autorisation à personne pour adapter des contes populaires.
Et ils empêchent toute utilisation sans autorisation de leurs personnages.
Et puis, lorsque l'auteur est mort… 70 ans après la mort de l'auteur, c'est pas
exagéré ?
Ben là c'est bien, tu donnes la réponse à ta première question
toi-même. Les auteurs des contes populaires étaient morts depuis plus
de 70 ans.
Cela dit, je trouve aussi que 70 ans c'est exagéré. Richard Stallman
propose que le droit d'auteur s'éteigne 10 ans après la publication.
C'est peut-être un peu exagéré dans l'autre sens. Un truc entre les
deux serait pas mal, sans doute. J'ai joué des centaines de fois sur
scène un arrangement salsa de la Chanson pour l'Auvergnat de Brassens.
Je n'ai jamais pu déposer cet arrangement, parce que c'était trop
compliqué de contacter les ayant-droit pour leur demander
l'autorisation. Alors à chaque fois, j'ai déclaré à la SUISA que
j'avais joué la chanson originale. Pas de problème. J'ai donc pu
modifier cette chanson comme je le voulais. Mais les 100% des droits
d'auteur allaient alors à l'éditeur de Brassens. D'ailleurs, Brassens
n'ayant pas eu d'enfants, y a-t-il des ayant-droit autre que son
éditeur ? Je pense que le droit d'auteur devrait s'éteindre à la mort
de l'auteur.
Mais pourquoi voudrait tu gagner la totalité des droits là-dessus, alors que tu n'as fais
que "d'améliorer" un truc existant. Si tu veux la totale, ben écris-la
toi-même, la daube originelle !
Le problème n'est pas une question de faire plus d'argent, mais de devoir
demander l'autorisation à quelqu'un qui a eu un monopole sur l'exploitation de
son œuvre qu'il n'aurait pas si ce privilège n'existait pas et peut la refuser.
Je ne comprends pas cette phrase. C'était peut-être un peu tard quand
tu l'as écrite ?
Prend par exemple le cas des worksongs. Ces chansons composées par les esclaves
noirs aux USA. Le premier à les mettre sur disque possédait le copyright et
pouvait empêcher toute autre interprétation.
Oui, ben justement, c'est dégueulasse ! Tu confirmes là, le bien fondé
des droits d'auteur.
Tu peux me dire quelle musique ne s'est pas faite sur une musique passée ? Sur
12 notes, un certain nombres de dispositions rythmiques, es-tu certain que ta
musique est réellement originale ? Tout le monde a des influences, que ce
soient des influences musicales ou d'autres influences contextuelles dues aux
conditions sociales, économiques, politiques,…
Mais c'est sûr ! Je revendique même mes influences ! Et c'est ainsi
que je vois le concept d'amélioration que tu défends. Je crée une
nouvelle musique, influencée par des dizaines d'autres. Mais peut-être
que j'y ajouter un ou deux trucs bien à moi. Ou que simplement je
réalise un métissage nouveau. Tout cela est inconscient bien entendu.
Mais je pense que c'est ainsi que la musique évolue. Mais être
influencé par une musique est tout de même différent de reprendre une
musique existante, sans rien demander à personne, et la publier en
affirmant en être l'auteur.
Enfin, tu es compositeur, je comprends que tu estime mériter ce droit, tout
comme la noblesse de l'ancien régime estimait mériter leurs droits.
Ça c'est la phrase du jour à mettre dans le bêtisier de la liste.
C'est justement parce qu'on a renversé la noblesse de l'ancien régime
que ce genre de droits existent...
Mais sache que cela se fait au détriment d'autres, sinon tu ne gagnerais pas
plus de revenus grâce à ça.
Au détriment, je ne crois pas.... Les revenus obtenus par les droits
d'auteur sont proportionnels au plaisir que mes musiques procurent à
leurs auditeurs. Si mes musiques ne plaisent pas, je ne gagne pas un
sou de droit d'auteur.
Et ce que tu dis serait alors valable pour n'importe quel métier. Le
boulanger me demande de l'argent pour son pain ? Mais c'est à mon
détriment, quel horreur !
De quel droit ? Ben du droit d'auteur ;-) Ok, le jour où à chaque musique que
chacun écrit chacun gagnera la même somme, je serai d'accord avec toi. Ca
serait pas mal en effet. J'écris une chanson, je la dépose, je touche,
mettons..... combien.... houlà.... difficile. Allez, mettons 200 euros. Et
après, je ne demande plus rien. Mais je veux que les Goldman, Cabrel et
continue gagne la même chose. Après, on sera payé à la productivité, plus à la
qualité, tant pis. J'ai besoin d'argent : j'écris 20 daubes demain : bingo,
4000 euros. Mais pourquoi pas. J'ai été payé pour mon travail. Et le résultat
appartient à tout le monde. Ok, d'accord. Tu crois vraiment que ça serait
bien.... moi ça me fait très peur.
Ce modèle est irréaliste et supposerait qu'il y ait un système de
redistribution.
Evidemment qu'il est irréaliste ! Le deuxième degré tu connais ?
Je me fous que des compositeurs gagnent beaucoup d'argent. S'ils le font au
détriment de personne et le méritent c'est tant mieux pour eux.
Le public estimera toujours si une œuvre est bonne ou pas. Et comme tu dis, la
qualité est subjective.
Certains réussissent plus que d'autre, c'est tout à fait normal, le talent
n'est pas réparti de façon égale, ainsi que la demande, et certains sont plus
entreprenants que d'autres, sans compter la chance…
Oui, c'est bien ce que je dis !
Qui parles d'interdiction de reprendre la musique de quelqu'un ?
La loi sur le droit d'auteur.
Par défaut, il est interdit de reprendre la musique de quelqu'un tant que tu
n'as pas son autorisation.
Non, tu peux la reprendre sans demander quoi que ce soit ! Tu peux
jouer les chansons des autres autant que tu veux, sans rien demander à
personne. Tu remplis juste une déclaration que tu remets à la SACEM à
chaque concert, et c'est l'organisateur du concert qui paye. C'est
quand tu veux gagner de l'argent sur "l'amélioration" que tu y
apportes que ça coince.
Tu peux reprendre toutes les musiques que tu veux, les modifier tant que tu
veux. Le problème c'est si tu veux gagner à ton tour de l'argent là-dessus.
De toutes façons, tant que je ne le fais pas publiquement, tu es incapable de
savoir ce que je fais de ta musique, non ? À moins que tu m'aies incrusté à mon
insu une puce dans la tête.
Ben oui, mais tant que tu ne le fais pas publiquement il n'y a aucun
souci ! Rien ne t'interdit, encore une fois de modifier toutes les
musiques que tu veux tranquillement dans ton home-studio !
Ca coince, et c'est assez logique ! Sans déconner : je te promets que je
permets à n'importe qui de reprendre mes musiques, à qui mieux mieux, tant
qu'il dit que c'est moi qui les ai écrites et ne prétend pas les avoir écrites
lui-même !
Toi oui, parce que t'es un mec cool. D'autres moins cool ne le permettent pas,
et la propriété intellectuelle ne s'arrête pas à la musique.
Mais la plupart des compositeurs pensent comme moi ! Il n'y a que
quelque méga-stars qui pourraient refuser, parce qu'ils ne voient pas
d'intérêt à ce que quelqu'un de moins connu qu'eux modifient leurs
chansons.
C'est un des principes de la licence GPL, ça, non ? Mais la licence GPL ne dit
jamais, au grand jamais que les auteurs ne doivent pas gagner leur vie. S'il ne
gagne pas d'argent là-dessus, je ne lui demande rien. S'il en gagne, ben je
veux bien partager avec lui. C'est ça, le droit d'auteur ! Personne n'aurait
demandé d'argent à Kaoma si Kaoma n'avait pas :
1) prétendu qu'il s'agissait d'une chanson originale
2) gagné un franc
À t'entendre, on dirait qu'ils sont coupables de gagner de l'argent.
Pas du tout. Ils sont coupables d'avoir gagné de l'argent au détriment
(je reprends tes termes) des auteurs originaux.
Si Kaoma a déclaré que c'était original, c'est bien décevant de leur part, mais
voilà, avec le droit d'auteurs ils savaient qu'ils devraient probablement payer
ure somme forte aux auteurs, voire se voir refuser de l'exploiter. On peut
supposer qu'il s'agit d'un contrecoup du droit d'auteurs. Sans droit d'auteur,
ils n'auraient pas eu cette contrainte de mentir.
Mais non ! La somme qu'ils auraient dû payer était sans risque. Si
leur projet n'avait pas marché il n'aurait presque rien payé. Et je
doute qu'un tout petit groupe bolivien refuse ce genre de deal.
Tout comme la fraude et la corruption sont principalement dues à des règles
trop rigides.
S'il était plus simple et moins coûteux de déclarer un gig, il y aurait moins
de concerts en black.
Rien à voir.
C'est tout de même sur un cas exceptionnel hypothétique que tu te bases pour
justifier une règle.
Ben ça existe pourtant !
Tout comme les chutes de météorites. Mais c'est tellement rare que ça ne
justifie pas de prendre une assurance contre les chutes de météorites.
Ou encore les accidents mortels de voiture, pourtant on continue à l'utiliser.
++
Non, ça arrive très souvent que par exemple une marque de dentifrice
veuille reprendre une chanson connue pour sa pub, en changeant les
paroles. Ben, c'est pas forcément évident. Je préfère de loin entendre
"Oui je l'adore, c'est mon amour mon trésor" par Pauline Ester, que
"Grou-pa-ma, toujours toujours là pour moi"
Bon je ne crois pas qu'on arrivera à se mettre d'accord. Et j'ai autre
choses à faire ;-)
A+
Christophe
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