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www/philosophy moglen-harvard-speech-2004.html ...
From: |
Cédric CORAZZA |
Subject: |
www/philosophy moglen-harvard-speech-2004.html ... |
Date: |
Sun, 11 Nov 2007 19:07:12 +0000 |
CVSROOT: /webcvs/www
Module name: www
Changes by: Cédric CORAZZA <ccorazza> 07/11/11 19:07:12
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philosophy : moglen-harvard-speech-2004.html
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philosophy : moglen-harvard-speech-2004.fr.html
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Patches:
Index: moglen-harvard-speech-2004.html
===================================================================
RCS file: /webcvs/www/www/philosophy/moglen-harvard-speech-2004.html,v
retrieving revision 1.6
retrieving revision 1.7
diff -u -b -r1.6 -r1.7
--- moglen-harvard-speech-2004.html 19 Jun 2007 00:02:59 -0000 1.6
+++ moglen-harvard-speech-2004.html 11 Nov 2007 19:06:49 -0000 1.7
@@ -1555,7 +1555,7 @@
<p>
Updated:
<!-- timestamp start -->
-$Date: 2007/06/19 00:02:59 $
+$Date: 2007/11/11 19:06:49 $
<!-- timestamp end -->
</p>
</div>
@@ -1580,6 +1580,8 @@
<ul class="translations-list">
<!-- English -->
<li><a
href="/philosophy/moglen-harvard-speech-2004.html">English</a> [en]</li>
+<!-- French -->
+<li><a
href="/philosophy/moglen-harvard-speech-2004.fr.html">Français</a> [fr]</li>
</ul>
</div>
</div>
Index: moglen-harvard-speech-2004.fr.html
===================================================================
RCS file: moglen-harvard-speech-2004.fr.html
diff -N moglen-harvard-speech-2004.fr.html
--- /dev/null 1 Jan 1970 00:00:00 -0000
+++ moglen-harvard-speech-2004.fr.html 11 Nov 2007 19:06:49 -0000 1.1
@@ -0,0 +1,1266 @@
+
+<meta http-equiv="Context-Type" content="text/html; charset=utf-8">
+<html>
+ <head><!--#include virtual="/server/header.fr.html" -->
+ <title>Interview de Moglen - Harvard - 2004</title>
+ <!--#include virtual="/server/banner.fr.html" -->
+ </head>
+ <body>
+<h2>Eben Moglen - Interview pour le Harvard Journal of Law and Technology</h2>
+<h3>23 Février 2004 - Cambridge, Massachusetts, USA.</h3>
+<!-- This document uses XHTML 1.0 Strict, but may be served as -->
+<!-- text/html. Please ensure that markup style considers -->
+<!-- appendex C of the XHTML 1.0 standard. See validator.w3.org. -->
+
+<!-- Please ensure links are consistent with Apache's MultiView. -->
+<!-- Change include statements to be consistent with the relevant -->
+<!-- language, where necessary. -->
+<p>
+<i>Eben Moglen est professeur de droit et d'histoire légale
+à la Columbia Law School (université de droit de Columbia),
+et Conseiller Général pour la Fondation pour le logiciel
Libre.</i></p>
+
+<p>Merci. C'est un grand plaisir d'être ici. Je voudrais remercier le
+<i>Journal of Law and Technology</i> et Jonathan Zittrain de leurs efforts
+conjoints pour ce parfait accueil. C'est vrai que je me sens quelque peu
dépassé
+à la perspective d'essayer de parler pour une durée
substantielle d'un procès
+qui n'avance pas vraiment. Je vais cependant mentionner le procès SCO de
+temps en temps dans mes remarques.</p>
+
+<p>M. McBride, quand il était ici, à eu l'amabilité de me
mentionner une ou
+deux fois, et je vais lui retourner cette faveur. J'espère que vous
remarquerez,
+pour ceux d'entre vous qui ont suivi cette conversation, que je suis prompt
à
+répondre à ses remarques, bien que je ne pense pas que le faire
sous cette forme
+pourrait mener, comme Jonathan le suggère, à une soirée
particulièrement intéressante
+intellectuellement parlant.</p>
+
+<p>Le logiciel libre, vous savez, j'en suis sûr, que je ne l'ai pas
inventé, qu'il
+est « free as in freedom, not free as in beer »
(NdT : libre, pas gratuit). Un des
+principaux problèmes de la conversation que nous avons eu au sujet de
ce procès avec
+votre série d'invités distingués cette année est
qu'au moins jusqu'ici, il a apparemment
+été suggéré que le but de ceux d'entre nous qui
croient dans le mouvement pour le
+logiciel libre serait principalement d'empêcher des personnes de
dégager un profit
+dans l'industrie informatique.</p>
+
+<p>Il est parfois suggéré que cela résulte d'une
antipathie sauvage envers l'idée d'un
+bénéfice économique ou une antipathie particulière
envers l'idée que les personnes
+devraient avoir des encouragements pour faire ce qu'ils font. Je m'autorise au
passage
+à préciser que nous croyons fortement à la valeur des
encouragements, bien que nous
+abordons ce problème des encouragements d'une manière
légèrement différente de celle
+de M. McBride. Mais au final ce n'est pas, et nous devons débuter par
là, au final
+il ne s'agit pas de rendre les chose gratuites. Il s'agit de rendre les choses
libres.</p>
+
+<p>Le but du mouvement pour le logiciel libre est de rendre les personnes
capables de
+comprendre, d'apprendre, d'améliorer, d'adapter et de partager la
technologie
+qui domine de plus en plus toute vie humaine.</p>
+
+<p>La croyance fondamentale dans l'équité ici présente
n'est pas qu'il est équitable que
+les choses soient libres. C'est qu'il est équitable que nous devrions
être libres et que
+nos pensées devraient être libres, que nous devrions être
capables d'en savoir le plus
+possible à propos du monde dans lequel nous vivons, et que nous
devrions être le moins
+possible prisonnier du savoir d'autre personnes, au-delà de la
satisfaction de notre propre
+compréhension et initiative.</p>
+
+<p>L'idée repose sur l'intense désir de mon cher ami et
collègue, Richard Stallman,
+commençant au début des années 80, à mettre
à jour un monde dans lequel tous les logiciels
+informatiques nécessaires à quiconque pour faire quoi que ce
soit seraient disponibles
+selon des termes permettant le libre accès aux savoirs que ces
logiciels contiennent et
+l'opportunité de créer librement des connaissances
supplémentaires et d'améliorer librement
+la technologie existante par sa modification et son partage.</p>
+
+<p>C'est un désir pour une évolution libre des connaissances
technologiques. Un procédé
+d'avancée par la modification non bloquée par des principes qui
interdisent l'amélioration,
+l'accès et le partage. Si vous y réfléchissez, cela sonne
plutôt comme un engagement pour
+encourager la diffusion des sciences en promouvant l'accès à la
connaissance.</p>
+
+<p>Succinctement, l'idée du mouvement pour le logiciel libre n'est ni
hostile, ni opposée
+d'une quelconque façon, à l'ambition du XVIIIème
siècle de l'amélioration
+de la société et de l'être humain par l'accès
à la connaissance.</p>
+
+<p>Les clauses sur les copyrights dans la Section 8 de l'Article 1 sont l'un
des nombreux
+moyens grâce auxquels nos parents fondateurs, plutôt moins
réalistes qu'on ne les dépeint
+habituellement, ont participé à la grande croyance du
XVIIIème siècle dans la perfectibilité
+du monde et de la vie humaine.</p>
+
+<p>Ces clauses sur les copyrights sont un cadre légal particulier de
l'idée de perfectibilité
+par l'accès et le partage du savoir. Cependant, nous, les
héritiers de cette promesse
+au XXIème siècle, vivons dans un monde dans lequel on peut
douter du fait que les principes
+de propriété, fortement appliqués, avec leur
inévitable corollaire d'exclusion — cela vient de moi,
+vous ne pouvez pas l'avoir tant que vous ne me payerez pas — que les
principes de propriété ont
+contribué au but de perfectibilité de la vie humaine et de la
société basée autour de l'accès au savoir.</p>
+
+<p>Notre position a été depuis vingt ans que, dans la mesure
où les lois sur le copyright
+encouragent la diffusion des sciences, ils sont bons. Et que dans la mesure
où ils découragent
+la diffusion des sciences, ils pourraient être
améliorés.</p>
+
+<p>Nous les avons améliorés, pardonnez-moi de prendre
crédit pour quelque chose, nous les
+avons améliorés et de façon substantielle, non pas en
niant aucune des lois existantes sur
+le copyright. Au contraire, nous avons été assez scrupuleux
à ce sujet.</p>
+
+<p>Une des choses qui m'amusent dans la rhétorique qui est
utilisée en ce moment, est à quel
+point je me semble peu catholique quand je considère mes
activités en semaine en tant qu'avocat.</p>
+
+<p>Bien que pas forcément bien accueilli à Los Angeles, je me
retrouve en train de me comporter
+exactement de la même façon qu'un grand nombre d'avocats à
Los Angeles. Je veux que les copyrights
+de mes clients soient respectés, et je passe une relativement large
partie de mon temps à essayer
+difficilement de faire jouer les gens selon les règles constituant le
Copyright Act que je suis
+supposé être si occupé à essayer de
détruire.</p>
+
+<p>Le logiciel libre est une tentative d'utilisation des principes du
XVIIIème siècle d'encouragement
+de la diffusion du savoir afin de transformer l'environnement technique des
êtres humains. Ainsi
+que Jonathan le dit, mon opinion personnelle à ce sujet est que les
premiers débuts de notre
+expérience ont plutôt bien marché.</p>
+
+<p>C'est à cause de ce succès qu'il y a maintenant un retour de
flamme contre lui, et l'un des
+petits éléments de ce retour est la controverse secouant
actuellement le monde, personnifiée par
+l'affaire SCO contre IBM, qui apparemment est supposée devenir
bientôt, selon ce que M. McBride
+a dit lorsqu'il était ici, SCO contre quelque chose appelé la
communauté Linux.</p>
+
+<p>Je ne pense pas que ce soit ce qui se passe réellement, mais c'est
certainement ce que
+M. McBride est venu dire ici.</p>
+
+<p>Donc je ferais mieux de parler un moment à propos de notre vision de
la situation que M. McBride
+décrit comme étant un grand test déterminant si les
produits libres sont en train d'une manière ou
+d'une autre de tuer les encouragements de la production sur Internet.</p>
+
+<p>Le logiciel libre, dont le système d'exploitation appelé
Linux est un exemple très important
+parmi des milliers, le logiciel libre est la plus grande bibliothèque
de références techniques
+sur la planète Terre, pour le moment.</p>
+
+<p>La raison pour laquelle je dis cela est que le logiciel libre est la seule
collection
+d'informations fixée en une forme tangible, à travers laquelle
n'importe qui, de n'importe où,
+peut évoluer de la naïveté à la pointe de
l'avancée dans un grand sujet technique — ce que l'on
+peut faire faire à un ordinateur — uniquement en consultant du
matériel librement disponible
+pour adaptation et réutilisation, de n'importe quelle façon
souhaitée.</p>
+
+<p>Nous rendons possible l'apprentissage partout sur la terre en autorisant les
+gens à expérimenter, non avec des jouets, mais réellement
avec les moyens actuels
+grâce auxquels tout le bon boulot est réalisé.</p>
+
+<p>Dans ce but, nous sommes engagés dans la réalisation d'un
système éducatif
+et d'un système d'amélioration du capital humain qui
amène la promesse d'encourager
+la diffusion de nos sciences d'une manière qui contribue à la
perfectibilité de l'être humain.</p>
+
+<p>C'est ce que nous essayons de faire, et nous l'avons fait. Nous sommes,
+apparemment en train de faire quitter le marché à une entreprise
appelée la
+Santa Cruz Operation [sic] - ou SCO Ltd. Ce n'était pas notre intention.
+C'est le résultat de quelque chose appelé le potentiel de
destruction
+créatif du capitalisme, déjà identifié par Joseph
Schumpeter. Nous faisons
+quelque chose mieux et à moindre coût que ce qui est actuellement
réalisé
+par ces personnes utilisant l'argent des autres pour le faire. Ce
résultat
+—fêté partout où l'on croit réellement au
capitalisme— est que les entreprises
+existantes vont devoir changer leur mode opératoire ou quitter le
marché.
+C'est généralement vu comme quelque chose de positif,
associé aux énormes
+augmentations de l'assistance que le capitalisme fête à chaque
opportunité
+en espérant que les quelques défauts que le capitalisme pourrait
avoir
+seraient moins visibles une fois cet énorme bénéfice
attentivement observé.</p>
+
+<p>M. McBride ne veut pas quitter le marché. C'est
compréhensible.
+M. Gates ne veut pas se retirer non plus. Mais ils sont tous les
+deux du mauvais côté d'un problème dans l'économie
politique du
+XXIème siècle. Ils voient le logiciel en tant que produit. Pour
rendre
+leur modèle économique efficace, le logiciel doit donc
être une
+chose rare. Et cette rareté du logiciel produira un prix exploitable,
+qui sera inclus dans une rente économique, grâce à
laquelle M. McBride
+a suggéré que quelqu'un pourra acheter une seconde maison.</p>
+
+<p>M. McBride pensait que c'était les programmeurs qui seraient
+capables d'acheter une seconde maison mais les personnes qui en
+fait comprenne l'état actuel de l'industrie logicielle reconnaissent
+que les programmeurs n'achètent pas de maisons secondaires en ce moment.
+Je pense que M. McBride veut dire que les directeurs qui emploient
+les programmeurs et les hommes de la finance qui emploient les
+directeurs pour employer les programmeurs achèteront une seconde
+maison grâce au modèle le-logiciel-est-un-produit pour encore un
certain temps.</p>
+
+<p>Nous pensons que le logiciel n'est pas un produit, parce que
+nous ne croyons pas à l'exclusion de certaines personnes du logiciel.
+Nous pensons que le logiciel est une forme de savoir. L'International
+Business Machines Corporation (IBM), la Hewlett Packard Corporation, et
+un bon nombre d'autres organisations représentées ce soir
physiquement
+ou dans l'esprit ont une autre théorie, qui est que le logiciel au
+XXIème siècle est un service, une forme de service public
combiné
+au savoir de la façon de faire le meilleur usage de ce service,
+ce qui rend possible la croissance économique pour les entreprises
+des gens en général, de laquelle un surplus peut être
utilisé pour
+payer les personnes qui vous aident à produire ce surplus, en faisant
+le meilleur usage possible du service public.</p>
+
+<p>Je pense qu'il serait utile d'indiquer, si vous le voulez bien,
+que l'endroit où nous sommes est un monde dans lequel, si je peux
employer
+une métaphore, M. McBride et ses collègues — et je veux
effectivement
+parler de ceux de Redmond, ainsi que de ceux en Utah — pensent que
+toutes les routes devraient être à péage. La
possibilité d'aller
+d'un endroit à un autre est un produit. Achetez-le ou nous vous
+excluons de cette possibilité. D'autre personnes croient que les
+autoroutes devraient être des services publics. Faisons en sorte
+d'utiliser les autoroutes de la meilleure façon possible, de telle
+manière que tout le monde puisse en bénéficier — de
la réduction
+des coûts des transports de marchandise et des coûts de mise
à
+disposition de service — et de cette manière, il y aura de
l'argent
+en abondance pour payer les ingénieurs du trafic et les gens qui
+réparent les nids de poule.</p>
+
+<p>Nous croyons, pour la simple valeur que peut avoir notre
+vision sur l'économie du marché logiciel au XXIème
siècle
+—après tout nous sommes les gens qui l'ont
transformé— nous croyons
+que la conception de service public du logiciel reflète mieux
+l'actualité économique du XXIème siècle. Nous ne
sommes pas surpris
+de voir que M. McBride perde le marché avec son autre modèle
économique.</p>
+
+<p>La réclamation de M. McBride est qu'il est en train de perdre
+le marché à cause de quelqu'un qui lui prend ce qui lui
appartient.
+C'est un procès. Au vu de la situation cependant, les gens dont
+il croit qu'ils ont pris ce qui ne lui appartient en fait pas, ne
+sont pas nous. Sa théorie est que des personnes variées ont
promis
+à AT&T à différents moments qu'ils feraient ou ne
feraient pas
+différentes choses, que certaines de ces personnes ayant promis
+à AT&T il y a longtemps de faire ou de ne pas faire certaines
+choses n'ont pas tenu leur promesses, et qu'un programme informatique
+distribué sous licence libre, Linux, a bénéficié
de la rupture de ces promesses.</p>
+
+<p>Il est possible que M. McBride ait raison à ce propos comme
+il peut avoir tort. Nous ne connaissons pas le contenu précis de
+ces contrats, et nous ne savons même pas, comme M. McBride vous
+l'a précisé quand il était ici, qu'il est le
bénéficiaire de ces
+contrats. Il est actuellement en litige essayant de prouver qu'il
+a ce qu'il se réclame de posséder — certains droits
contractuels
+dont il affirme qu'ils lui ont été confiés par Novell. Je
n'ai
+aucune opinion sur l'identité du possesseur de ces droits, et je
+souhaite bonne chance à M. McBride dans son litige sur cette
question.</p>
+
+<p>Mais ce que M. McBride a également revendiqué est que nos
travaux
+créatifs sont d'une certaine manière couverts par ces conflits
+contractuels, couverts dans le sens où il a revendiqué, bien que
+jusqu'ici il n'ait pas agi en accord avec sa revendication, que les
+utilisateurs de logiciels libres lui sont obligés, à lui ou
à sa compagnie,
+sur la base des revendications qui viennent de relations contractuelles
+entre AT&T, Sequent, IBM, et d'autres, sur une certaine période.</p>
+
+<p>J'ai passé une longue et fatigante période à
étudier si chaque pièce
+de l'histoire, comme M. McBride et ses collègues l'ont rapporté,
pourrait
+mener à une revendication de copyright contre une tierce partie.</p>
+
+<p>J'ai passé ce temps car il y aurait de nombreuses tierces parties
dans
+le monde impliquées par les affirmations de problèmes de
copyright mentionnés
+par M. McBride. J'ai démonté des exemples fantômes de ce
qui était appelé
+travail dérivé mais n'étaient pas des travaux
dérivés au sens légal,
+ou des revendications de copyright qui se sont révélés
porter sur du code
+que personne ne possède et est présent dans le domaine public
depuis des
+années, ou du code que M. McBride affirmait être chargé
d'empêcher des personnes
+de l'utiliser, longtemps après qu'il ait
délibérément donné à ces personnes
+précisément ce code sous promesse qu'ils puissent l'utiliser, le
copier,
+le modifier et le distribuer de la façon qu'ils voudraient.</p>
+
+<p>Et petit à petit, je me suis trouvé incapable de
découvrir d'aucune manière
+comment l'entreprise de M. McBride pourrait faire des revendications contre des
+tierces parties, même ceux qui ont été en contrat
privés avec AT&T ou leurs
+successeurs sur du code présent dans le système d'exploitation
Unix, ni quoi
+que ce soit qui puisse les forcer à payer des dommages et
intérêts ou les
+empêcher d'utiliser du logiciel libre.</p>
+
+<p>C'est cela que nous appelons SCO, non pas un procès
réellement basé sur
+des promesses échangées entre IBM et AT&T, mais une croyance
mystérieuse
+que quelque part dans le monde des dizaines de milliers de personnes devraient
+arrêter d'utiliser du logiciel d'une valeur de millions de dollars dont
nous
+avons rendu possible l'acquisition pour un coût marginal uniquement
à cause de
+quelque agrément entre AT&T et quelqu'un d'autre de qui la
société de M. McBride
+a repris les intérêts.</p>
+
+<p>Je ne vois aucune substance dans cette revendication. Et je suis
prêt, suivant
+votre recherche et votre questionnement hostile, à expliquer petit
à petit
+pourquoi je pense que c'est vrai. Mais j'ai publié ces
différentes investigations,
+et je ne veux pas les récapituler ici ce soir. Je pense que ce serait
un gaspillage
+du temps que nous passons ensemble.</p>
+
+<p>Sur <a href="/philosophy/sco/">www.gnu.org/philosophy/sco</a>, le tout en
+minuscule, vous trouverez les différents papiers que j'ai écrit
ainsi que M. Stallman
+sur ces sujets, et dans lesquels j'espère que nous avons relevé
en détail chaque point.</p>
+
+<p>Mais il est difficile de résister à l'envie de parler de la
Cour Suprême
+des États-Unis dans une salle de cours de la Harvard Law School. Donc,
juste
+pour un moment, je veux m'engager dans une brève observation de ce
procès avec vous.</p>
+
+<p>M. McBride, quand il est venu ici, a eu beaucoup à dire à
propos du cas
+appelé Eldred contre Ashcroft, dans lequel M. McBride a
découvert que la Cour
+Suprême des États-Unis est parvenue à 7-2 contre le
logiciel libre et en faveur
+du capitalisme [rires dans l'assistance]. Ce qui est bizarre est que le
même jour
+où M. McBride se tenait ici et discutait de ce sujet avec vous,
j'étais à Los Angeles
+pour discuter de la même chose avec quelqu'un appelé Kevin
McBride, le frère
+de M. McBride et l'auteur du document duquel M. McBride parlait.</p>
+
+<p>Kevin McBride avait l'avantage d'être avocat dans cette discussion,
ce qui aide
+légèrement pour parler de la Cour Suprême des
États-Unis. Mais ce n'était pas
+une aide tout à fait suffisante.</p>
+
+<p>Le premier truc pour discuter d'affaires —je frémis de dire
cela dans
+cette salle où j'ai enseigné à des élèves
de première année en droit— le
+premier truc pour discuter d'affaires est de séparer le
« holding » du dictat,
+un travail avec lequel des avocats du monde entier et chacun d'entre vous
+ont occupé de nombreux mois lugubres de septembre et d'octobre.</p>
+
+<p>Les McBride, ensemble —j'ai parfois l'impression d'être dans
une sorte
+de film de Quentin Tarantino avec eux [rires]— les McBride ont
échoué à
+distinguer de manière adéquate le
« holding » du dictat.</p>
+
+<p>Je n'aime pas Eldred contre Ashcroft. Je pense que le jugement n'a pas
été
+bien rendu. J'ai rempli une lettre dans cette affaire, amicus curiae, et j'ai
+aidé mon ami et collègue Larry Lessig dans la
présentation des arguments
+principaux, qui n'a, malheureusement, pas gagné.</p>
+
+<p>Bizarrement, et je vous expliquerai cela juste suffisamment pour vous le
montrer,
+bizarrement, c'est la position que nous avons pris dans Eldred contre Ashcroft,
+si vous restez sur le « holding » plutôt que sur
le dictat, qui serait favorable à
+la position actuellement exigée par M. McBride. Ce qui s'est
passé dans Eldred
+contre Ashcroft, à l'opposé du cadre qu'il présente, est
en fait mauvais pour
+l'argument que M. McBride a présenté, quel que soit le M.
McBride en question.
+Mais il n'y ont pas réfléchi assez.</p>
+
+<p>Laissez-moi vous expliquer pourquoi. L'énorme difficulté que
SCO a avec
+le logiciel libre n'est pas leur attaque, mais que leur défense est
inadéquate.
+Pour vous défendre dans une affaire dans laquelle vous êtes en
infraction avec
+la liberté du logiciel libre, vous devez être prêt à
répondre à un appel que
+j'effectue assez souvent avec mes collègues de la fondation qui sont
présents
+ici ce soir. Cet appel téléphonique ressemble à
cela :
+« M. Défenseur Potentiel, vous distribuez le travail de mon
client placé sous
+copyright sans sa permission. Veuillez cessez. Et si vous voulez continuer
+à le distribuer, nous vous aiderons à retrouver vos droits de
distribution
+qui ont cessé avec votre infraction, mais vous allez devoir le faire de
la bonne façon ».</p>
+
+<p>Au moment où je passe cet appel, l'avocat du défenseur
potentiel
+a désormais un choix. Il peut coopérer avec nous ou nous
combattre. Et s'il
+se rend en justice pour nous combattre, il aura un second choix devant lui.
+Nous dirons aux juges, « Monsieur le juge, M. Défenseur a
utilisé notre travail protégé par
+copyright, l'a copié, modifié et distribué sans notre
permission. Merci de le faire cesser ».</p>
+
+<p>Une des choses que le défenseur peut répondre est,
« Vous avez raison.
+Je n'ai pas de licence ». Les défenseurs ne veulent en
général pas dire cela
+car s'ils le font, ils perdent. Donc les défenseurs, quand ils
imaginent ce
+qu'ils diront au tribunal, réalisent que ce qu'ils diront
est,« Mais M. le
+juge, j'ai une licence. C'est ce document, la GNU GPL. General Public
License ».
+À ce moment-là, comme je connais la licence assez bien, et que
je sais de
+quelle manière elle est violée, je dirai, « Eh bien
M. le juge, il avait cette
+licence mais a violé ses termes et selon la section 4 de cette licence,
quand
+il a violé ses termes elle a cessé de fonctionner pour
lui ».</p>
+
+<p>Mais notez que pour survivre le premier instant dans un procès sur le
+logiciel libre, c'est le défenseur qui doit agiter la GPL. C'est son
autorisation,
+sa pièce maîtresse pour un procès qui dure plus qu'une
nanoseconde. Ceci, assez
+simplement, est ce qui explique la déclaration que vous avez entendue
—M. McBride
+l'a exprimée ici il y a quelques semaines— que la GPL n'a jamais
été attaquée en justice.</p>
+
+<p>Pour tout ceux qui aiment dire que la GPL n'a jamais été
attaquée en justice,
+je n'ai qu'une chose extrêmement simple a dire : ne me jetez pas la
pierre.
+Je serais tout à fait heureux de le faire à n'importe quel
moment. Ce sont
+les défenseurs qui n'ont pas voulu le faire. Et si pendant 10 ans, tout
le
+monde a négligé l'opportunité de lancer une bataille
légale, devinez quoi ?
+Ce n'est pas sans raison.</p>
+
+<p>La GPL a réussi durant la dernière décade, parce que
je m'en suis occupé,
+parce qu'elle marchait, pas parce qu'elle ne marchait pas ou était mise
en doute.
+M. McBride et ses collègues font maintenant face à cette
même difficulté, et la
+personne en face est IBM. Une grosse, riche et puissante compagnie qui n'a pas
+l'intention de lâcher le morceau.</p>
+
+<p>Ils ont distribué le noyau du système d'exploitation
appelé Linux. En fait,
+SCO l'a fait. Ils continuent de le faire pour leurs clients existants
puisqu'ils
+ont une responsabilité contractuelle de fournir la maintenance.</p>
+
+<p>Quand ils distribuent le programme appelé Linux, ils distribuent le
travail de
+milliers de personnes, et ils le font sans licence, puisqu'ils ont
détruit leur
+licence en essayant d'y rajouter des termes, en ajoutant des frais de licence
+supplémentaires en violation des sections 2 et 6 de la GPL.</p>
+
+<p>Selon la section 4 de la GPL, quand elle est violée, ils ont perdu
leur droit
+de le distribuer, et IBM a dit dans une contre-revendication dans son
procès,
+« M. le Juge, ils distribuent notre travail placé sous
copyright, et ils n'ont
+aucune permission, faites-les cesser ».</p>
+
+<p>Si SCO avait été malin, ils auraient dit, « Mais
votre Honneur, nous avons
+une licence. C'est la GNU GPL ». Maintenant pour des raisons que
nous pourrions
+expliquer mais ce n'est pas nécessaire, ils n'ont pas voulu dire cela,
peut-être
+parce que cela aurait posé problème aux autres revendications de
leur procès, ou
+peut-être parce qu'ils avaient reçu un investissement de 10
millions de dollars
+de Microsoft, mais nous reparlerons de cela plus tard j'en suis sur, pendant la
+phase des questions.</p>
+
+<p>En tout cas, ils n'ont pas dit cela. Ce qu'ils ont répliqué
est, « Mais M. le Juge,
+la GNU GPL est en violation avec la Constitution des États-Unis, la
Copyright Law,
+la Export Control Law », et je commence à oublier s'ils ont
ajouté ou non la charte
+des Nations Unies et les Droits de L'Homme. [rires]</p>
+
+<p>Pour le moment, contentons-nous uniquement de la question de savoir si la
GPL
+viole la Constitution des États-Unis. Je reviendrais sur Eldred contre
Ashcroft plus tard.</p>
+
+<p>Dans Eldred contre Ashcroft, 435 membres du Congrès et une centaine
de sénateurs
+ont été achetés pour rendre le copyright éternel
d'une manière fourbe. Cette
+man&olelig;uvre de corruption, qui bien sûr était parfaitement
légale et s'est effectuée
+sous le nom d'une campagne de contribution, a permis d'amener au
Congrès une extension
+de durée des copyrights.</p>
+
+<p>En 1929, « Steamboat Willy » a pour la
première fois montré au public une
+créature appelée Mickey Mouse. Les termes de droits d'auteur
placé sous
+copyright étant à l'époque, quasiment comme aujourd'hui,
de 75 ans, s'il n'y
+avait pas eu cette action au Congrès en 2004, Mickey Mouse aurait
échappé au
+contrôle de son propriétaire, du moins sous la Copyright Law.
Cela, bien
+évidemment, rendait nécessaire une réforme légale
majeure pour empêcher l'échappée
+de Mickey Mouse dans le domaine public.</p>
+
+<p>L'extension de durée de copyright rend aujourd'hui possible que,
qu'un
+Sonny Bono percute un arbre en ski dans les 10 prochaines années ou
non, de
+temps en temps le Congrès étendra la durée des copyrights
un petit peu plus.
+Et ensuite, chaque fois que viendra le moment décisif, ils
l'allongeront un
+peu plus. Et ainsi de suite. Rien ne pourra plus jamais s'échapper vers
le
+domaine public, et Mickey Mouse encore moins.</p>
+
+<p>Le professeur Lessig, Eric Eldred, moi-même et de nombreuses autres
personnes
+aussi sensées aux États-Unis ont pensé que cela ne se
conformait pas à
+la grande idée de perfectibilité de l'être humain par le
partage de l'information.
+Nous avons douté qu'assurer petit à petit une
propriété illimitée dans la
+durée était réellement une forme d'encouragement pour la
diffusion de la science,
+et nous avons suggéré à la Cour Suprême sur cette
base uniquement, que le
+Copyright Term Extension Act devrait être annulé. Nous avons
été, comme l'a
+remarqué M. McBride, refoulés avec pertes et fracas.</p>
+
+<p>Il s'avère qu'il n'existe rien de tel qu'une loi inconstitutionnelle
sur
+les copyrights, si le Congrès l'a votée, et si elle observe la
distinction entre
+l'expression et l'idée, ce que le Congrès indique comme garantie
constitutionnelle
+que le copyright ne viole pas la liberté d'expression, et dans le cas
où des
+droits d'« usage raisonnable » (fair use) sont maintenus
de manière adéquate.</p>
+
+<p>En bref, la conclusion de Eldred contre Ashcroft est que le Congrès
peut faire
+les lois de copyright comme il le souhaite, et que toutes les licences issues
de
+cette loi sur les copyrights prétendument constitutionnelle sont
gardées de toute
+question constitutionnelle.</p>
+
+<p>J'ai des nouvelles pour M. McBride. La loi sur les copyrights existante est
+constitutionnelle, et notre licence, qui observe scrupuleusement toutes les
+conditions que cette loi lui demande, a également la présomption
d'être constitutionnelle.
+Uniquement dans un monde dans lequel nous aurions succédé dans
l'affaire Eldred contre
+Ashcroft, dans lequel, si vous me permettez, il y aurait un devoir substantiel
de
+revue des licences de copyright pour vérifier si oui ou non elles se
conforment avec la
+forme de copyright nommée dans la Section 8 de l'Article 1, uniquement
là M. McBride
+et ses amis pourraient se tenir dans un tribunal des États-Unis et
affirmer qu'une
+licence de copyright est inconstitutionnelle.</p>
+
+<p>Malheureusement pour M. McBride, en d'autre termes, nous avons perdu dans
+Eldred contre Ashcroft, et la revendication même qu'il défend a
péri, ainsi que
+d'autres revendications beaucoup plus valables, au moins jusqu'au moment
où la
+Cour Suprême change son verdict dans l'affaire Eldred contre
Ashcroft.</p>
+
+<p>M. McBride tente de se consoler de la rhétorique pro-capitaliste
avec laquelle
+Justice Ginsberg a annoncé la décision de la Cour Suprême.
Et, en tant
+qu'observateur également mécontent du verdict de Eldred contre
Ashcroft, je
+lui souhaite bonne chance dans sa consolation, mais lui et moi étions
dans le
+même camp sur cette affaire, même s'il ne le savait pas, et la
question légale
+qu'il souhaite maintenant aborder a malheureusement échoué.
Notez bien, même
+s'il était autorisé à présenter à la cour
l'idée que les licences de copyright
+devraient être jugées pour leur adéquation avec la
Constitution, nous vaincrions triomphalement.</p>
+
+<p>Il n'y a aucune licence de copyright aux États-Unis aujourd'hui,
j'affirme
+cela sans l'expliquer plus avant mais nous pouvons en parler si vous le
+souhaitez, il n'y a aucune licence de copyright aux États-Unis
aujourd'hui
+qui colle mieux à l'idée de copyright de Thomas Jefferson ou
même à la conception
+de copyright contenue dans la Section 8 de l'Article 1, que la nôtre.
Car nous
+poursuivons une tentative de diffusion du savoir qui est déjà
largement plus
+efficace à la diffusion du savoir que toutes les distributions
logicielles
+propriétaires motivées par le profit conduites actuellement par
les plus
+grands et mieux fondés monopoles du monde.</p>
+
+<p>Mais, malheureusement pour nous tous, M. McBride ne nous amènera pas
au
+stade nous autorisant à dire cela à la Cour Suprême des
États Unis, dans
+laquelle nous vaincrions glorieusement, car cette Cour Suprême des
États-Unis
+a déjà décidé que les licences de copyright sont
constitutionnelles pour peu que
+les membres du Congrès aient effectué une campagne de
contribution, tenu le vote,
+et passé le statut-« chewing-gum »
(malléable) résultant à la Maison Blanche pour
+recevoir le tampon obligatoire. Mais j'accueillerai volontiers M. McBride dans
une
+campagne pour un copyright moins restrictif aux États-Unis, dès
qu'il se sera rendu
+compte, légalement parlant, dans quel camp il se trouve.
Malheureusement, comme vous
+le réalisez tous, nous ne pouvons pas retenir notre respiration en
attendant que
+l'illumination ne frappe. Si seulement M. McBride suivait la Harvard Law
School.</p>
+
+<p>C'est suffisent, je pense, à propos de SCO, vraiment, bien que je
sois enchanté
+de répondre à vos questions au moment venu à ce sujet.
C'est en fait un procès sur
+les copyrights désert. Il ne contient aucune revendication sur les
copyrights. Il y
+a certaines revendications sur des contrats passés entre IBM et SCO, et
elles seront,
+au moment voulu, réglées par la cour, et j'attends avec un
intérêt modéré leur
+conclusions. Ce n'est en aucun cas une menace pour le logiciel libre. Mais une
+sacrée nuisance certainement. Et je pense, malheureusement, continuer
à passer
+une bonne partie de mon temps à éliminer cette nuisance, mais
sans beaucoup de
+sentiment d'une menace planant sur les choses auquelles je tiens vraiment,
dont tout
+ceci ne fait pas partie.</p>
+
+<p>Donc à la place je voudrais vous parler sur l'actuel futur
légal du logiciel
+libre, et non pas comme le voit M. McBride, un combat titanesque entre
l'« American
+way of life » et ce que nous sommes supposés être.
J'aimerais dire à propos de ce
+combat qu'il me semble familier. De plus en plus, j'écoute M. McBride
et j'entends
+M. Ballmer, ainsi que peut-être vous aussi. C'est à dire que je
considère maintenant
+SCO comme outil de presse du monopole de Microsoft, qui a des fonds plus
importants
+et un problème à plus long terme avec ce que nous faisons.</p>
+
+<p>Microsoft est une société très riche, et elle pourrait
réussir sur le modèle
+économique de logiciel-en-tant-que-service-public au XXIème
siècle. Mais malgré
+toute la profondeur d'esprit de M. Gates, l'idée de liberté de
l'être humain n'est
+pas quelque chose qu'il enregistre facilement. Et l'idée de transformer
son affaire
+en affaire de service, pour des raisons qui je pense, nous sont accessibles
à tous,
+ne lui plaît pas. Donc, pour la survie du monopole de Microsoft, et je
veux
+effectivement parler de survie, la théorie de M. McBride que nous
sommes en train
+d'effectuer quelque chose d'horrible à l'« American way of
life » doit prévaloir.
+Malheureusement pour Microsoft, ce ne sera pas, parce que ce que nous faisons
+actuellement est plus visible au monde que ce que sa vision de propagande ne
+prévoit. Nous devons à tout prix continuer notre travail, qui
encourage la
+liberté du savoir et en particulier la liberté du savoir
technique, et en
+faisant cela, nous devons surmonter le défis (qui ne sont pas SCO) que
le monde
+dans lequel nous vivons nous présente, et donc je voudrais parler juste
un
+petit peu plus de ceux-ci.</p>
+
+<p>Le logiciel est, selon notre phraséologie, free, libre. C'est
à dire que nous
+avons maintenant un ensemble de logiciels accessibles à n'importe qui
sur terre,
+si robustes et si puissants dans leurs possibilités que nous sommes
capables en
+quelques homme-mois de réaliser quoi que ce soit que n'importe qui
souhaite faire
+faire à un ordinateur. Et bien sûr de nouvelles choses surgissent
constamment que
+les gens ont envie de faire, et qu'ils font. Dans ce sens, et je le dis avec
une
+énorme satisfaction, dans ce sens le mouvement pour le logiciel libre a
pris place
+et est définitivement part du XXIème siècle. Mais il y a
des défis pour le
+logiciel libre que nous devons remporter.</p>
+
+<p>La loi sur les brevets, contrairement à celle sur les copyrights,
contient
+certains aspects effrayants pour la liberté du savoir technique. Si la
loi sur
+les copyrights présente une forme utilisable de la grande ambition du
XVIIIème
+siècle de la perfectibilité de l'être humain, la loi sur
les brevets ne le fait
+malheureusement pas. Ce n'est pas surprenant, les penseurs du XVIIIème
siècle
+étaient également quelque peu sceptiques à propos de la
loi sur les brevets.
+Ils s'interrogeaient à propos du statut de monopole et l'histoire de la
justice
+anglaise leur faisait beaucoup s'inquiéter à ce sujet. La loi
sur les brevets
+au XXIème siècle est un ramassis de nuisances. Cela ne pose
aucune question.
+Et dans le monde de logiciel dans lequel nous nous trouvons, il y a certaines
+caractéristiques particulièrement malheureuses selon lesquelles
cette loi
+fonctionne. Nous allons devoir travailler dur pour nous assurer que la
portée
+légitime du brevet, qui existe, mais est restreinte, ne soit pas
étendue par
+des administrateurs peu scrupuleux au cours du XXIème siècle
pour couvrir la
+paternité d'idées principalement parce que ces idées sont
exprimées en langage
+de programmation informatique plutôt que, par exemple, en anglais ou en
termes
+mathématiques.</p>
+
+<p>C'est du travail pour nous, et c'est un travail que de nombreux avocats
+intelligents sont en train de faire, mais ils le font partout dans le monde sur
+des licences variées et d'autres structures légales
connectées au logiciel de
+manière inconsistante. Et l'inconsistance parmi les manières
dont les avocats
+essayent de lutter contre les menaces posées au logiciel par les
brevets et une
+difficulté sérieuse pour nous. Nous avons besoin de conduire un
séminaire de
+haut-niveau dans les cinq prochaines années partout dans le monde sur
les relations
+entre la brevetabilité et l'idée du logiciel libre, et rendre
clair pour nous-mêmes
+quels termes de licence et manière de travailler minimise les risques
posés
+par les brevets. Il y a ce que je caractériserais pour le moment comme
une diversité
+de point de vue sur le sujet. Mais cette diversité devra être
réduite un petit
+peu par une amélioration de notre façon de penser si nous
voulons à la fin de
+cette décade achever ce que nous avons à faire en diminuant le
volume de brevets
+inappropriés et leurs effets sur notre forme particulière
d'amélioration du savoir humain.</p>
+
+<p>Comme vous le savez, et comme j'ai passé un an à
écrire un livre sur le sujet,
+il se passe de nombreuses autres choses en ce moment sur Internet au sujet de
+la propriété. La musique, les films et d'autres formes
variées de culture sont
+mieux distribuées par des enfants que par des personnes payées
pour le faire.
+Les artistes commencent à découvrir que s'ils autorisent des
enfants à distribuer
+leurs œuvres d'une manière libre, ils s'en sortiront mieux que
dans leur
+esclavage actuel dans lequel ils sont maintenus par les vautours de la culture,
+qui, c'est vrai, se font un paquet d'argent grâce à la musique,
mais qui le
+font tellement primairement en gardant 94 cents de chaque dollar et en en
rendant
+uniquement 6 aux musiciens, ce qui n'est pas très bon pour les
musiciens.</p>
+
+<p>Donc il y a beaucoup de bruit en ce moment sur Internet à propos de
la
+propriété, et puisque je m'intéresse à d'autres
choses que le logiciel libre,
+je m'intéresse à ce bruit. J'ai un parti-pris là-dessus
également. Mais la chose
+importante pour la discussion que nous avons maintenant est que les
propriétaires
+de la culture reconnaissent maintenant que s'ils vont devoir mettre en place
leurs
+propres méthodes de distribution, une méthode de distribution
dans laquelle la
+distribution est achetée et vendue et traitée comme un bien
—et dans lequel vous
+ne pouvez distribuer si vous ne payez pas les droits pour le faire—
s'ils ne
+peuvent mettre en place cette structure, ils sont fichus dans leur
modèle économique.
+Et cela exige d'eux ce que je crois vraiment être comparable à
une occupation
+militaire d'Internet. Ils doivent contrôler tous les nœuds
d'Internet et s'assurer
+de chaque flux de bits qui transite à travers ces nœuds, avant
qu'ils n'aillent
+ailleurs, que les droits de distribution n'aient pas été
achetés ou vendus afin de
+laisser passer ce flux.</p>
+
+<p>C'est précisément parce que le logiciel est libre, que les
propriétaires de la
+culture ont besoin d'occuper le matériel d'Internet pour faire marcher
leur modèle
+économique. Le logiciel libre, comme par exemple Freenet de Ian Clark,
ou d'autres
+exemples de logiciels libres, qui s'occupe de partage de données
pair-à-pair, ou
+simplement du logiciel libre comme TCP/IP qui est utilisé pour partager
des données,
+présente d'insurmontables obstacles aux personnes qui veulent que
chaque flux de bits
+porte en lui les authentifications de propriété et de
distribution et veulent le faire
+aller uniquement aux endroits qui ont payé pour le recevoir. Le
résultat est un
+mouvement croissant pour créer ce qui est réellement une mode
à la Orwell nommée
+informatique de confiance, ce qui signifie des ordinateurs en lesquels les
utilisateurs
+ne peuvent avoir confiance. Afin de continuer à avancer pour la
libération du savoir
+dans notre société du XXIème siècle, nous devons
empêcher l'informatique de confiance
+et ses variantes de constituer une occupation du matériel d'Internet
dans le but d'empêcher
+ce matériel de faire fonctionner des logiciels libres qui partagent
l'information librement
+avec les personnes désireuses de la partager. Remporter le défi
posé par l'informatique
+de confiance est un problème légal difficile, plus difficile
pour l'avocat dans sa
+gestion des licences et dans la mise en place de produits logiciels que le
problème
+d'origine présenté par la libération de logiciel vers le
libre en premier lieu.
+Ceci, plus que l'amélioration de la structure de distribution du
logiciel libre
+comme nous la connaissons actuellement, est le problème que j'ai
à l'esprit en ce moment.</p>
+
+
+<p>Mais j'irai un peu plus loin avec vous pour discuter du problème qui
se trouve
+derrière le problème du matériel libre. Nous vivons
actuellement dans un monde
+dans lequel le matériel est bon marché et le logiciel gratuit,
et si tout le
+matériel continue de marcher de la manière actuelle, notre
problème majeur
+sera que la bande passante est maintenant traitée dans le monde comme
un produit,
+plutôt qu'un service public. Et vous êtes en général
autorisé à recevoir
+autant de bande passante que ce que vous pouvez en acheter. Donc dans le monde
+actuel, bien que le matériel est bon marché et que le logiciel
est gratuit,
+il y a des difficultés majeures à la dissémination du
savoir et à l'encouragement
+de la diffusion des sciences, parce que les gens sont trop pauvres pour payer
+la bande passante dont ils ont besoin pour apprendre.</p>
+
+<p>Cela provient du fait que le spectre électromagnétique a
été traité comme
+une propriété depuis le second quart du XXème
siècle. Il a été dit que c'était
+techniquement nécessaire, dû à des problèmes
techniques d'interférences qui ne
+sont plus d'actualité dans le monde actuel des appareils intelligents.
+L'unique problème majeur du logiciel libre au XXIème
siècle est comment rendre
+le spectre électromagnétique à l'utilisation
partagée plutôt qu'à l'utilisation
+par appropriation. Ici encore, comme vous l'aurez remarqué, le logiciel
libre
+lui-même, logiciel librement exécutable, a un rôle majeur
à jouer. Parce que
+ce sont les radios contrôlées par du logiciel,
c'est-à-dire les appareils dont
+les caractéristiques fonctionnelles sont contenues dans le logiciel et
peuvent
+être modifiées par leurs utilisateurs, qui réclament le
spectre partagé plutôt
+qu'approprié. C'est le problème central auquel nous devrons
faire face, non
+pas à la fin de cette décade, mais pour les deux ou trois
prochaines décades
+suivantes, dans notre effort pour améliorer l'accès au savoir
partout dans
+le monde pour tous les esprits humains. Nous aurons à régler la
question de
+comment libérer le spectre grâce aux outils techniques et
légaux sous notre contrôle.</p>
+
+<p>Dans cet effort, nous allons affronter une série de
propriétaires bien
+plus puissants que Microsoft et Disney. Vous avez simplement à
considérer
+l'actuel pouvoir des oligopoles de télécommunications
implantées dans notre
+société pour reconnaître le type d'affrontement que
celui-ci sera. C'est
+celui que nous devons remporter si nous voulons atteindre le milieu du
XXIème
+siècle dans un monde au sein duquel le savoir sera librement disponible
pour
+être partagé par tout le monde. Nous devons faire en sorte que
chacun ait un
+droit à la bande passante, une opportunité suffisante pour
communiquer, pour
+être capable d'apprendre sur la base de l'accès à tout le
savoir disponible.
+C'est notre plus grand défi légal. La liberté de la
couche logicielle d'Internet
+est un composant essentiel de cette croisade. Notre capacité à
empêcher les
+appareils que nous utilisons d'être contrôlés par d'autres
personnes est un
+élément essentiel de cette campagne.</p>
+
+<p>Mais au final, c'est notre capacité à unifier tous les
éléments de la
+société de l'information —logiciel, matériel, bande
passante— entre des
+mains partagées, c'est-à-dire entre nos propres mains, qui
détermine si nous
+pouvons réussir dans la réalisation du grand rêve du
XVIIIème siècle, celui
+qui se trouve dans l'Article 1, Section 8 de la Constitution des
États-Unis,
+celui qui dit que les êtres humains et la société humaine
sont améliorables
+infiniment pour peu que nous achevions les étapes nécessaires
à la libération
+de l'esprit. C'est là ce à quoi nous tendons réellement.
Le destin de la
+compagnie de M. McBride, qu'elle réussisse ou échoue, même
le destin de la
+corporation International Business Machine, est négligeable
comparé à cela.
+Nous menons un mouvement de droits civiques. Nous n'essayons pas de
concurrencer
+quiconque dans les affaires ni de faire tomber quiconque. Qui réussit
ou échoue
+en bourse ne nous intéresse pas. Nous avons le regard fixé sur
l'objectif. Nous
+savons où nous allons : Liberté. Maintenant.</p>
+
+<p>Merci beaucoup.</p>
+
+<p>Je suis ravi de pouvoir répondre à vos questions :</p>
+
+<p><b>Zarren :</b> Donc, les personnes du service des médias m'ont
demandé de
+m'assurer que quand les gens posent leurs questions, ce serait bien qu'elles
+puissent parler dans le micro. Il y a un petit bouton pour l'allumer.</p>
+
+<p><b>Q :</b> Je voulais simplement poser une question de clarification
et,
+enfin bref… Vous semblez, ou non, avoir exprimé une dichotomie
entre le matériel
+et le logiciel, dans le sens que le logiciel a besoin d'être libre, que
c'est un
+service, un bien public. Vous n'avez que peu parlé du matériel.
Et par matériel,
+je pense initialement à celui relié au logiciel mais ensuite
généralisable aux
+machines, n'importe quelle sorte de machine. Comment distinguez-vous pourquoi
le
+logiciel devrait être libre et pas le matériel ?</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> L'économie politique du XXIème
siècle est différente de l'histoire
+de l'économie passée car cette économie est remplie de
biens qui ont un coût
+marginal nul. Le raisonnement traditionnel de la microéconomie
dépend du fait
+que les biens en général ont des coûts marginaux non nuls.
Cela coûte de l'argent
+de faire, déplacer et vendre ces biens. La possibilité de
liberté pour tous les
+flux de bits du monde se base sur cette différence, sur ce coût
marginal nul
+caractéristique de l'information numérique. C'est parce que les
coûts marginaux
+du logiciel sont nuls que tout ce que nous avons à faire est de couvrir
les frais
+fixes de sa fabrication pour le rendre libre pour tout le monde, libre mais
aussi gratuit.</p>
+
+<p>Le matériel, c'est-à-dire les ordinateurs et, vous savez, les
PDA, ainsi
+que les chaussures, les tables, les briques dans les murs et même les
sièges dans
+une salle de cours de la Harvard Law school, ont des coûts marginaux non
nuls.
+Et la microéconomie traditionnelle continue de s'y appliquer de la
même manière
+qu'elle le faisait pour Adam SMith, David Ricardo ou Karl Marx. Raisonner sur
+le matériel est, dans ce sens, comme raisonner sur l'économie
dans laquelle
+nous avons grandi et qui présente toutes ces questions de comment
effectivement
+couvrir les coûts de chaque nouvelle unité, que le marché
est là pour nous aider
+à résoudre. C'est précisément parce que tellement
de savoir et de culture humaine
+ne participent plus au XXIème siècle dans cette économie
traditionnelle de prix,
+tendant de manière asymptotique vers un coût marginal non nul,
que nous avons
+tant de possibilités pour donner aux gens ce qu'ils n'ont jamais eu
auparavant.
+Et quand je vous parle des différences entre le logiciel et le
matériel j'observe
+implicitement la distinction entre l'économie traditionnelle des
coûts marginaux
+non nuls et la merveilleuse et bizarre économie des flux de bits, dans
laquelle
+la théorie traditionnelle de l'économie donne bien la bonne
réponse, mais que
+les théoriciens de l'économie traditionnelle n'aiment pas voir
quand ils font leur travail.</p>
+
+<p><b>Q :</b> Défendriez-vous dans ce cas, en d'autre termes,
parce que le
+savoir ne peux être contenu dans le matériel, et aussi puisque le
matériel a
+ces coûts marginaux supplémentaires, défendriez-vous que
par exemple, que chaque
+ordinateur soit fourni avec les diagrammes des puces de telle sorte que le
savoir
+dans le matériel soit libre, tout en continuant à faire du
bénéfice sur les
+coûts marginaux ?</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Certainement, ce serait une très bonne
idée, et si vous
+observez ce qui se passe durant le XXIème siècle vous verrez de
plus en plus
+de fabricants faire précisément cela, grâce à la
valeur de l'innovation par
+l'utilisateur, qui ne va cesser de faire diminuer leurs coûts de
fabrication
+de nouveaux et meilleurs produits. C'est effectivement pour ces raisons qui
sont
+aussi évidentes aux fabricants qu'à nous, que la
logiciellisation du matériel
+au XXIème siècle est bonne pour tout le monde. Je suis en train
d'écrire
+quelque chose à ce sujet. Je ne veux pas faire la réclame de mon
livre, mais
+attendez un peu et j'essayerai de vous montrer ce que je pense
réellement à
+propos de tout ceci d'une manière disciplinée.</p>
+
+<p><b>Q :</b> Je me demandais si le procès SCO pourrait devenir le
premier
+d'une longue série de procès intentés en série (ad
seriatim) et en parallèle
+contre le logiciel libre ? Et je voudrais connaître votre point de
vue sur
+deux types possibles de procès qui pourraient suivre le chemin
tracé par SCO,
+que SCO gagne ou non. Le premier serait un procès intenté par
une compagnie
+qui se rendrait soudainement compte qu'au lieu d'espérer pour l'achat
de leur
+première maison, en réalisant le travail qu'ils sont
supposés faire, ses
+développeurs passeraient en réalité la moitié de
leur temps sur Slashdot et
+le reste de leur temps codant des logiciels libres, et seulement
occasionnellement
+restant tard le soir pour satisfaire le patron. Si ces programmeurs ont
signé,
+ce qui est habituel, un accord avec leur compagnie qui stipule que n'importe
+quel logiciel qu'ils écrivent est en fait propriété de
leur compagnie, quelle
+est la perspective que cette compagnie puisse dire : notre code a
été retravaillé
+par notre programmeur dans quelque chose comme Linux, et c'est maintenant
illégal
+à moins que vous ne nous payez des dommages ? La deuxième
possibilité pour
+monter ces procès serait, quoique cela paraisse étrange,
grâce à la « thirty-five
+year termination rule » (loi de prescriptoin des 35 ans),
c'est-à-dire quelque chose qui
+normalement serait proclamée
+par des gens dans votre position, qui dit que la loi sur les copyrights
autorise
+les musiciens et artistes ayant stupidement signé des accords quand ils
n'étaient
+encore rien et sans assistance légale avec de grosses compagnies
à l'annuler
+trente-cinq ans plus tard, quelle que soit les conditions. Ils peuvent remettre
+les pendules à zéro et renégocier. Je l'appelle le Rod
Stewart Salvation Act
+(loi pour la sauvegarde de Rod Stewart). [rires] Et bien que cela puisse
être
+utile pour les artistes, bien que l'industrie musicale le déteste, ne
pourrait-ce
+pas signifier également que les programmeurs de logiciel libre, ayant
volontairement
+contribué, sans même être bloqués par leurs
employeurs, ayant contribué au mouvement
+pour le logiciel libre, pourraient dire, à l'échéance, et
trente-cinq ans ne sont
+pas si longs dans l'histoire d'Unix, « Nous reprenons
tout » ?</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Bon, ce sont deux très bonnes questions. Si je
réponds
+complètement à chacune, je vais prendre trop de temps.
Laissez-moi donc me
+concentrer sur la première, qui à mon avis est vraiment
importante. La question
+de Jonathan vous montre que le grand problème légal dans la
liberté du logiciel
+libre a moins à voir avec la licence qu'avec le procédé
d'assemblage par lequel
+le produit original est mis en place. Une des conséquences
légales du procès
+SCO est que les gens vont commencer à tout le temps faire plus
attention à la
+manière dont les logiciels libres sont mis en place. Ils vont
s'apercevoir que
+ce qui importe vraiment est comment réglez-vous la question, par
exemple, de
+possible attraction de revendication de
« work-for-hire » contre le logiciel libre.
+Ils vont s'apercevoir que dans cet aspect-là également, M.
Stallman a été plutôt
+prévoyant, puisqu'ils vont reconnaître que la manière dont
ils veulent que leurs
+logiciels libres soient mis en place est la manière utilisée par
la Fondation
+pour le logiciel libre depuis plus de vingt ans. La manière dont nous
procédons,
+ils vont découvrir qu'ils aimeraient vraiment l'avoir, est que pour
chaque
+contribution individuelle de code à un projet de logiciel libre, si
cette personne
+ayant fourni le code travaillait dans l'industrie, ils voudraient vraiment
+avoir une décharge « work-for-hire » de la part
de l'employeur de cette personne,
+établi en même temps que la contribution a été
effectuée. Et les bureaux
+(filing cabinets) à la Fondation pour le logiciel libre vont leur
apparaître
+comme une oasis au milieu d'un désert de problèmes possibles.
Nous avons vu venir
+ce problème. Nous avons essayé dans nos actions de stewards pour
une grande part
+du logiciel libre dans le monde de gérer ce problème. Les gens
vont vouloir avoir
+ceci pour ce pour quoi ce sera possible, et ils seront bien plus
réfractaires à
+s'appuyer sur du logiciel qui n'aura pas été assemblé de
cette façon-là.</p>
+
+<p>Si vous envisagez de travailler dans le domaine légal du logiciel
libre, et
+j'espère bien que c'est le cas, une des choses sur lesquelles vous
pourriez
+vouloir travailler sont les trusts de conservation du logiciel qui vont
éclore
+dans ce domaine dans les cinq prochaines années. Je vous aiderai
à en faire un,
+ou vous pouvez venir travailler dans un des miens. Nous allons avoir besoin de
+passer beaucoup de temps à faire du travail en lien avec les
« trustees ». Nous
+allons passez beaucoup de temps à nous assurer que les choses soient
assemblées
+et bien bâties. Et nous allons faire cela pour le compte d'une industrie
d'assurance
+qui va bientôt grandir, qui grandit déja même sous nos
yeux, et qui apprend qu'elle
+s'intéresse vraiment à la manière dont le logiciel libre
est assemblé.</p>
+
+<p>Quand vous allez dans une compagnie d'assurance et demandez une assurance
+contre l'incendie pour votre maison, ils ne cherchent pas à savoir sous
quelle
+licence est placée votre maison. Ils veulent savoir comment elle a
été construite.
+Et les questions que vous posez sur comment est-ce que le logiciel libre est
+construit vont devenir vraiment importantes. Ce qui va briser ces
procès est
+que nous avons bien fait notre travail ou que nous faisons bien notre travail
+d'avocats, en aidant les programmeurs à mettre en place leurs projets
de manière
+défensive et qui protège la liberté.</p>
+
+<p>Jusqu'à il n'y a pas si longtemps, il y avait probablement trois
avocats
+sur Terre qui s'intéressaient à ce sujet, et deux d'entre eux
sont dans cette
+pièce. Il y en aura plus dans un futur proche. Je dirai rapidement
à propos de
+votre seconde question Jonathan, que le problème présenté
est sérieux, mais au
+moins à mon point de vue, qu'il est gérable, et je voudrais bien
en parler plus,
+mais je pense que nous devrions entendre plus de voix dans cette
discussion.</p>
+
+<p><b>Q :</b> Sans contester l'importance ou la difficulté de la
bataille pour
+la bande passante, ou le… clairement la bataille sur le copyright et ses
+progrès sont vraiment immédiats, mais il me semble que ce qui
nous donnera
+vraiment du souci est la bataille sur les brevets qui je pense va arriver
+bientôt. Comparé à cela, toute l'histoire du SCO, eh bien,
SCO est un dragon de
+papier, une menace fantôme. Pouvez-vous nous dire quoi que ce soit sur
ce que
+vous attendez de cette prochaine bataille ? Et comment sera-elle
combattue ?
+Comment cela va-t-il se passer ?</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Bien sûr. Les brevets sont un problème
politique. Je pensais
+que les compagnies pharmaceutiques m'avaient rendu service en nous achetant 12
+milliards de dollars de publicité libre dans la dernière
décennie en apprenant à
+chaque enfant de douze ans scolarisé sur terre que
« propriété intellectuelle »
+signifiait des gens mourant à cause de maladies curables parce que les
médicaments
+étaient trop chers à cause des brevets les protégeant.</p>
+
+<p>Les brevets sont politiques. Les brevets dirigent comment nous distribuons
+les richesses sur de très longues périodes, d'une façon
plutôt absolue. Nous
+n'allons pas trouver de réponse à notre problème de
brevets dans nos salles
+de justice ou nos laboratoires. Nous allons devoir répondre à
notre problème
+de brevets qui se situe dans la conduite actuelle de la politique.</p>
+
+<p>Vous en avez vu le début l'été dernier quand le
Parlement Européen a décidé
+de refuser, dans un mouvement tout à fait inhabituel, de refuser la
publication
+des préférences de la Commission Européenne en ce qui
concerne les changements
+des lois concernant les brevets en Europe à propos des inventions
praticables
+dans le domaine logiciel.</p>
+
+<p>La Commission Européenne a suggéré un changement et
une harmonisation de
+la loi européenne sur les brevets qui aurait rendu l'émission de
brevets pour
+des inventions praticables dans le domaine logiciel beaucoup plus facile.
+Le Parlement Européen, après une longue campagne, en partie
menée par le
+mouvement pour le logiciel libre en Europe, c'est à dire Euro Linux et
la
+Fondation pour le logiciel libre Europe et beaucoup de petites
sociétés de
+logiciels en Europe bénéficiant substantiellement de la nouvelle
mode du logiciel
+vu comme service public, une campagne qui a impliqué au final 250000
signataires
+de pétition, le Parlement a finalement décidé de refuser.
Et deux partis,
+les Verts et les Sociaux-démocrates, dans le Parlement Européen
comprennent
+maintenant que la politique des brevets en Europe est un problème
partisan.
+C'est-à-dire qu'il y a deux camps, et que l'organisation des partis et
de la politique
+électorale peut être conduite sur ces camps.</p>
+
+<p>Notre société est beaucoup moins au courant de ce sujet. Pour
ceux d'entre
+nous qui vivent ici, la tâche de nous mettre au standard établi
pour nous par
+nos collègues en Europe l'été dernier est notre premier
et plus important défi.
+Nous devons faire comprendre à nos membres du Congrès que la loi
sur les brevets
+n'est pas un sujet administratif devant être décidé dans
le <abbr title="Patent
+and Trademark Office">PTO</abbr>, mais un sujet politique devant être
+décidé par nos législateurs. Nous allons peut-être
devoir restaurer une réelle
+démocratie dans la Chambre des Représentants des
États-Unis afin de rendre ceci
+possible, et il y a beaucoup d'autres aspects à ce défi.</p>
+
+<p>Mais c'est l'un des aspects principaux pour lesquels les personnes
techniquement
+sophistiquées aux États-Unis vont devoir apprendre les arcanes
de la politique,
+parce que nous n'allons résoudre ceci ni à la Cour
Suprême, ni à notre station
+de travail. Nous allons résoudre ceci au Congrès, et nous allons
devoir bâtir nos
+forces pour le faire.</p>
+
+<p><b>Q :</b> À ce propos, je suis curieux : ce n'est
peut-être pas tant un point
+légal qu'un point de relations publiques. Vous avez commencez par
dire : il s'agit
+de liberté et non pas de gratuité. Mais quand vous
écoutez des personnes comme Jack
+Valenti et le <abbr title="Recording Industry Association of
America">RIAA</abbr>,
+vous savez, et M. McBride, la rengaine est toujours cette idée de
gratuité (ndt : free beer)
+et d'apprendre aux enfants qu'ils ne peuvent voler, vous savez, Big Music.
+Comment peut-on gagner cette bataille de relations publiques de fond, qui au
final
+aura des ramifications jusqu'au Congrès ? Comment, comment faites
vous parvenir ce
+message en dehors de la communauté technologique ?</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Eh bien, une des choses que j'aimerais dire à
ce sujet est que
+la langue anglaise nous combat sur ce point, n'est-ce pas ? Une des
choses qui se
+sont passées au cours du temps dans notre environnement
européen, dans lequel le
+mot « free » dans le sens de gratuité et le mot
« free »
+dans le sens de liberté sont deux mots différents, est que les
gens ont compris la distinction
+beaucoup plus facilement.</p>
+
+<p>« Software libre », ou « logiciel
libre »
+si vous voulez suivre l'Académie française, marche bien et ne
pose pas le problème de
+distinction de « free software ». C'est
+pour cela que certaines personnes ont décidé vers la fin des
années 90, que
+peut-être ils devraient essayer de trouver un nouveau terme et se sont
finalement
+décidés pour open source. Finalement cela a posé plus de
difficultés que de bénéfices
+pour les personnes qui l'ont trouvé, bien que maintenant cela
fonctionne vraiment
+bien pour que le monde des affaires identifie son intérêt dans ce
que nous faisons
+sans se compromettre avec les philosophies politiques ou sociales que ces
hommes
+d'affaire ne partagent pas ou en tout cas n'ont pas besoin de crier sur les
toits
+pour avoir leur travail fait chaque jour.</p>
+
+<p>Donc une chose que nous faisons, nous qui parlons anglais, est que nous
avons
+à renforcer de temps en temps, en fait tout le temps, la distinction
entre « free beer »
+et « free speech ». D'un autre côté, ceux
d'entre nous qui vivent aux États-Unis et
+parlent anglais ne devraient pas avoir trop de problème à ce
propos puisque la
+liberté d'expression est beaucoup plus implantée dans la culture
américaine que
+la bière gratuite. Du moins, c'était vrai dans le monde dans
lequel j'ai grandi,
+quoi que Rupert Murdoch veuille dire à ce sujet maintenant.</p>
+
+<p>Nous sommes le parti de la liberté d'expression, et nous devons
faire remarquer
+aux gens que si vous autorisez n'importe qui à déclarer, ceci
incluant un lobbyiste
+bien habillé à l'ancienne mode, que l'amour de la liberté
d'expression c'est comme
+sortir un CD sous le bras d'un magasin de disque, alors c'est perdu. Non pas
le jeu
+à propos du logiciel libre, mais le jeu de la liberté et de la
vie dans une société libre.</p>
+
+<p>Nous défendons la liberté d'expression. Nous sommes le
mouvement pour la liberté
+d'expression en ce moment. Et nous devons insister là-dessus en
permanence, sans
+compromis. Mon cher ami, M. Stallman, a provoqué une résistance
certaine dans
+la vie en se promenant et disant, « c'est le logiciel libre, pas
l'open source ».
+Il a une raison. C'est la raison. Nous devons continuer de rappeler aux gens
+que ce qui est dans la balance ici est la liberté d'expression. Nous
devons
+continuer de rappeler aux gens que ce que nous faisons est essayer de
protéger
+la liberté des idées au XXIème siècle, dans un
monde où des mecs avec des petites
+étiquettes de prix autocollantes voudraient bien étiqueter
chaque idée de la terre
+si cela faisait faire des bénéfices aux actionnaires. Et ce que
nous avons à
+faire est continuer à renforcer l'acceptation que la liberté
d'expression dans
+une société technologique signifie la liberté
d'expression technologique. Je pense
+que nous pouvons faire cela. Je pense que c'est un message qui peut passer.</p>
+
+<p>C'est à cela que je consacre une grande partie de mon temps, et bien
que ce
+soit vrai qu'occasionnellement j'ennuie les gens avec ça, je pense au
moins réussir,
+plus ou moins, à faire passer ce message. Nous allons simplement devoir
être
+vraiment assidus là-dessus.</p>
+
+<p><b>Q :</b> Je vais vous poser une question. Vous avez beaucoup
parlé de la
+distribution et de comment vous pensez qu'elle devrait être libre, et je
pense
+comprendre cet argument beaucoup mieux que je ne comprends l'argument selon
lequel
+les créateurs de biens à coûts marginaux de distribution
nuls seront nécessairement
+rétribués pour ce qu'ils créent, et j'en ai beaucoup
entendu parler, je ne pense
+pas que cela soit aucun de vos arguments, mais j'ai entendu, ok, eh bien, que
les
+musiciens feront leur tournée, donc qu'ils le
récupéreront de cette façon, vous
+savez, quel que soit le temps qu'ils y aient consacré. Ou encore les
gens continueront
+à créer ce qu'il créent, et cela s'applique à plus
de chose que juste les films et
+la musique, cela s'applique aussi aux livres, ou aux choses contenant du savoir
+autres que de loisir, cela doit se faire, vous entendez que les gens vont
continuer
+à en faire la même quantité parce qu'ils aiment le faire
ou sont intéresses pour le
+faire, mais je ne pense pas que cela compense vraiment les indemnisations que
beaucoup
+de ces créateurs reçoivent maintenant. Et donc je me demandais
si vous pouviez
+discuter un petit peu de comment le monde de la libre distribution,
différent du
+monde actuel dans lequel la plupart des régimes de distribution ont
été créés
+spécialement pour indemniser les gens, sera différent en ce qui
concerne l'indemnisation
+des auteurs.</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Je vais en parler un petit peu maintenant, et dans
l'intérêt du
+temps dire aussi que vous pouvez trouver sur le Net un papier à
l'endroit où je mets
+des choses c'est à dire http://moglen.law.columbia.edu, un papier
appelé
+<a href="http://moglen.law.columbia.edu/publications/maine-speech.html">
+« Freeing the Mind »</a>, qui répond à
cette question, j'espère de façon
+compréhensible, ou du moins un petit peu. Maintenant, laissez-moi vous
donner une réponse.</p>
+
+<p>Une perspective historique est utile ici. Avant Thomas Edison, il n'y avait
aucun
+moyen pour la culture d'être un bien de consommation de masse. Chaque
musicien,
+chaque artiste, chaque créateur de n'importe quoi avant Thomas Edison
était
+essentiellement dans les affaires que nous sommes maintenant revenus à
faire, excepté
+ceux qui vivaient dans un monde de biens qui pouvaient être
distribués en impression,
+pour qui vous avez simplement à reculer avant Gutenberg. Bien ?</p>
+
+<p>L'évolution de la culture en consommation de masse est un
phénomène récent, en
+comparaison avec l'ancienneté de l'histoire de la
créativité humaine. Quoi que
+nous croyons d'autre, et les problèmes sont sérieux, nous devons
nous rappeler
+qu'il n'y a aucune chance que la musique ne disparaisse si elle cessait
d'être
+un produit de masse. La musique est toujours présente. Elle l'a
toujours été.</p>
+
+<p>Ce sur quoi vous vous interrogez est, pourquoi les gens payent-ils pour les
+choses auxquelles ils s'intéressent, d'une manière qui
permettent aux créateurs
+de continuer ? Et la réponse que je dois vous donner est que les
gens payent
+pour la relation personnelle qu'ils ont avec le concept de fabrication.</p>
+
+<p>Les musiciens sont payés par les gens qui ont écouté
de la musique, parce
+qu'ils avaient une relation personnelle avec les musiciens. C'est ce que vous
+voulez dire par faire leur tournée ou « the Grateful
Dead « ou n'importe qui qui
+utilise le coût marginal non nul des sièges de
théâtre comme façon de récupérer,
+de la même manière que les gens marchandent comme façon de
récupérer.</p>
+
+<p>Pensez un instant au musicien du monde des « coffee
house «, le chanteur/compositeur.
+Le cas le plus simple d'une certaine façon de la transformation de
l'industrie
+musicale. Voilà des gens qui sont en tournée 40, 45, 50 semaines
par an. Ce qui
+se passe est qu'ils vont à des endroits et jouent, et au fond de la
salle leur
+CD sont en vente, mais les gens n'achètent pas ces CD genre, vous
savez, sinon
+je volerais la musique ; ils les achètent de la même
manière qu'ils achètent
+des produits au marché fermier ou à une foire d'artisans,
à cause de leur relation
+personnelle avec l'artiste.</p>
+
+<p>Donc laissez moi vous dire ce que je pense que les propriétaires de
la culture
+faisaient au XXème siècle. Ça leur a pris deux
générations à partir d'Edison pour
+se rendre comte de ce qu'était leur affaire, et ce n'était ni la
musique ni les
+films. C'était la célébrité. Ils ont
créé de grandes personnes artificielles, vous
+savez, avec des nombrils de 2m de haut. Et ensuite nous avions ces relations
+personnelles imaginaires avec ces grandes personnes artificielles. Et ces
relations
+personnelles étaient manipulées pour nous vendre des tonnes de
choses, de la musique
+et des films et des T-shirts et des jouets et, vous savez, de la gratification
+sexuelle, et dieu sait quoi d'autre. Tout cela basé sur
l'économie sous-jacente
+de la culture, qui est que nous payons pour ce avec quoi nous avons des
relations.
+Nous sommes des êtres humains, des animaux sociaux. Nous avons
été socialisés et
+avons évolué pour vivre en groupe depuis très longtemps.
Et quand on nous donne
+des choses belles et utiles dans lesquelles nous croyons, nous les soutenons
réellement.</p>
+
+<p>Vous pensez que ce n'est pas vrai, parce que la couche supérieure
actuelle
+de la vie sociale dit que ce n'est pas un mécanisme assez robuste pour
maintenir
+la création, et que le seul mécanisme qui maintiendra la
création est l'exclusion
+coercitive : vous ne pouvez pas l'avoir si vous ne payez pas.</p>
+
+<p>Mais ils ne peuvent avoir raison historiquement, parce que la
possibilité de
+contraindre efficacement est quelque chose de passé. Et la longue et
profonde
+histoire de la culture est l'histoire de mécanismes non-coercitifs pour
assurer
+l'indemnisation des artistes, et nous sommes maintenant en position
d'améliorer
+immensément certains d'entre eux.</p>
+
+<p><b>Q :</b> Mais qu'en est-il de l'auteur du logiciel ?</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Ah, le logiciel…</p>
+
+<p><b>Q :</b> C'est plus de ce genre de chose dont je voulais parler avec
ma
+question. Donc vous avez quelqu'un qui crée quelque chose d'utile mais
qui n'a
+aucun coût de distribution, et c'est utile d'une manière qui
n'est pas, par
+exemple utile comme la célébrité, bien que je ne suis pas
sûr, je ne pense pas
+que ce soit utile d'aucune manière, mais c'est utile dans le sens que
cela
+prend beaucoup de temps pour bien le créer.</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Voyez-vous, les programmeurs avec qui j'ai
travaillé toute
+ma vie se considèrent comme des artisans, et c'était
extrêmement difficile de les
+unifier. Ils pensaient qu'ils étaient des créateurs individuels.
Les auteurs de
+logiciel commencent en ce moment à perdre cette sensation, car le monde
les prolétarise
+beaucoup plus qu'avant. Ils commencent à remarquer qu'ils sont des
ouvriers, et pas
+seulement cela, mais si vous faites attention à la campagne
présidentielle ayant
+actuellement lieu autour de nous, ils se rendent compte du fait qu'ils sont des
+ouvriers dont les emplois sont déplaçables dans le commerce
international.</p>
+
+<p>Nous faisons réellement plus pour protéger l'existence des
programmeurs que
+les gens du système propriétaire. M. Gates a seulement un
certain nombre d'emplois,
+et ils les déplacera vers l'endroit où la programmation est au
meilleur marché.
+Contentez-vous de regarder ce qui se passe. Nous, au contraire, rendons
capables
+les personnes d'acquérir un savoir technique qu'ils peuvent configurer
et adapter
+au marché dans le monde dans lequel ils vivent. Nous faisons des
personnes
+programmeurs, n'est-ce pas ? Et nous leur donnons une base sur laquelle
ils peuvent
+exercer leur activité à tous les niveaux de l'économie,
depuis la petite à la grande échelle.</p>
+
+<p>Il y a actuellement du travail de programmation pour des gens de quatorze
+ans parce qu'ils ont l'intégralité de GNU sur laquelle
bâtir quoi que ce soit
+que quelqu'un dans leur voisinage désire acheter, et nous produisons
assez de
+valeur pour IBM que cela vaut le coup d'investir des millions de dollars
dedans.</p>
+
+<p>Si j'étais employé par IBM à ce moment présent,
je considérerais mon emploi
+comme plus en sécurité grâce au logiciel libre que si le
logiciel libre
+disparaissait de la surface de la terre, et je ne pense pas que beaucoup de
+personnes qui travaillent chez IBM soient en désaccord avec moi.</p>
+
+<p>De toutes les personnes qui participent à l'économie de
coût marginal nul,
+je pense que les programmeurs peuvent voir vraiment clairement où se
situe leur
+avantage, et si vous attendez simplement que quelques dizaines de milliers
+d'emplois en programmation partent vers Bangalore, ils le verront encore plus
clairement.</p>
+
+<p><b>Q :</b> Donc, les auteurs écrivent du logiciel. Au moment
où le logiciel
+est fixé dans un médium tangible, les copyrights s'y
attachent ; personne d'autre
+ne peut l'utiliser sans autre action de l'auteur. L'auteur choisit d'adopter la
+General Public License pour gérer ce que les autres peuvent faire avec
le logiciel,
+et vous avez dit cette chose intrigante que la GPL donne, dans certaines
limites,
+et c'est pourquoi vous avez fait remarquer que personne ne veut vraiment la
défier
+car ce serait une victoire à la Pyrrhus. Si vous gagnez et que la
licence disparaît,
+alors cela revient automatiquement à l'auteur. Cela semble convaincant,
et
+prouve presque trop, n'est-ce pas ? Parce que, supposons qu'un autre
auteur écrive
+du logiciel, qu'il l'écrive pour le moment avec l'auteur et choisisse
de le
+licencier sous la « Grand Old Party License «, selon
laquelle seuls les Républicains
+peuvent en tirer des travaux dérivés, et d'autre choses qui
seraient sinon des
+infractions d'utilisation à la licence du logiciel.
Premièrement, pensez-vous
+qu'une licence de ce type devraient être appliquée par les cours
de justice ?
+Et secondement, ne pourrait-on pas dire que la même logique s'applique,
que
+personne n'oserait la défier car un tiens est mieux que deux tu
l'auras ? Au
+moins, laissons les Républicains utiliser le logiciel.</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Donc, fondamentalement je crois que la question que
vous posez
+est, est-ce que l'abus de la loi sur les copyrights a entièrement
disparu ? Et je
+pense que la réponse, quelque soit la déférence actuelle
de la Cour Suprême
+envers ce que le Congrès choisira de dire, est non. Je pense qu'il y a
toujours
+une habitude de dépasser les bornes, et en tant qu'avocat travaillant
pour des
+gens qui sont plutôt militants pour le partage, j'entends tout le temps
des
+propositions sur des choses qu'ils pensent que ce serait vraiment bien de
faire,
+et que je ne pense pas que la loi sur les copyrights, sans la modifier par de
futurs
+contrats, leur permettra de faire.</p>
+
+<p>Je pense que le panel d'outils actuels de la loi sur les copyrights et sa
révision
+Berne a certaines limites sur le pouvoir du détenteur de licence, et je
crois que ces limites
+sont suffisamment larges pour nous autoriser à créer le bien
commun auto-réparable
+que nous avons créé, mais je ne suis pas sûr qu'elles
seraient assez fortes pour
+permettre l'importation de beaucoup de restrictions contractuelles en tant que
+faisant part du corps de la loi sur les copyrights elle-même.</p>
+
+<p>De plus je suis assez certain que si vous essayiez et réussissiez
dans une
+juridiction, vous vous rendriez compte que la Convention de Berne n'a pas
exporté
+toutes ces propositions dans le monde pour vous, et que dans ce cas vous auriez
+des difficultés à ériger un empire mondial autour de la
GPL Public License.</p>
+
+<p>Mais je pense que vous avez raison quand vous dites autre chose, que s'il y
+avait un certain nombre de biens communs s'auto-défendant bâtis
selon différents
+principes dans le monde, que cela créerait des procès
poids-morts indésirables,
+et c'est pour cela que je passe une bonne partie de mon temps à essayer
d'aider
+les gens à voir pourquoi la GPL est bonne et n'a pas besoin
d'être transformée
+en XPL ou YPL et ZPL ailleurs dans le monde. En fait je pense que dans les
+prochaines années, nous allons avoir une consolidation croissante des
licences,
+et pas leur multiplication croissante. Mais c'est un problème conceptuel
+d'importance, et il dépend de la croyance que la loi sur les copyrights
elle-seule
+autorise certaines choses et pas d'autres, et que vous pouvez bouchez ces trous
+avec le type de loi de contrat que nous essayons de ne pas utiliser.</p>
+
+<p><b>Q :</b> Pouvez-vous recommander un économiste qui a
étudié l'économie à
+coût marginal nul ?</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Et bien, voyez, je plaisante parfois avec mon cher
collègue,
+Yochai Benkler de la Yale Law School, que Yochai est maintenant bien
placé pour
+gagner le prix Nobel final en économie. Mais je crains que ce ne soit
pas correct
+et que d'autres personnes commencent à arriver. J'ai quelque peu cette
sorte de
+sentiment que tôt ou tard je vais me réveiller et
découvrir qu'à Stockholm ils ont
+décidé d'attribuer un prix à des personnes ayant
enseigné l'économie que nous
+connaissons depuis vingt-cinq ans.</p>
+
+<p>Eric von Hippel réalise un travail très important à ce
sujet, si vous ne
+voulez vous intéresser qu'aux personnes du voisinage. Nous
commençons à avoir
+dans nos écoles de commerce un tas de gens qui essayent
réellement de réfléchir
+à ces questions, parce qu'ils voient des millions de dollars être
pariés et que
+dans la bonne tradition des écoles de commerce, ils sont en train de
découvrir
+qu'ils devraient s'intéresser à ce à quoi les riches
hommes d'affaire et leurs
+investisseurs pensent.</p>
+
+<p>Dans les départements d'économie pure, malheureusement nous
restons un
+phénomène trop dérangeant pour être
consultés dès maintenant. Mais les étudiants
+en doctorat, bien sûr, ne font pas toujours ce que leurs professeurs
font, et j'ai
+l'intuition que nous sommes à peine à quelques années du
début d'une grande
+avancée sur ces sujets.</p>
+
+<p>C'est une énorme et magnifique opportunité pour revoir tout
le domaine. Même
+dans une économie, même dans une discipline telle que
l'économie, les gens ne
+peuvent être empêchés de travailler sur un problème
vraiment intéressant qu'un
+temps limité. Et ce temps arrive.</p>
+
+<p><b>Q :</b> Juste une question générale sur les forces de
marché et l'économie
+du logiciel libre. Même dans un monde idéal, ne diriez-vous pas
que, vous savez,
+à cause des forces de marché et ensuite nous, vous savez, un
groupe de joueurs
+devient spécialement puissant, et en fait ils —même si
c'est un monde idéal—
+ils deviennent réellement suffisamment puissants et monopolisent une
nouvelle
+fois sous des standards, et nous revenons au système que nous avons
aujourd'hui.
+Donc finalement ma question est si ce système économique de type
de produit que
+nous avons, est-ce juste une fonction de la structure que nous avons, ou est-ce
+le résultat des forces de marché ?</p>
+
+<p><b>Moglen :</b> Et bien, la structure que nous avons constitue ce que
nous
+appelons une force de marché. Je ne voudrais pas affirmer que le
marché est un
+mécanisme newtonien qui existait dans l'univers indépendamment
de l'interaction
+humaine.</p>
+
+<p>Regardez, ce que nous essayons de faire, à travers des institutions
légales
+dévouées à la protection du bien commun, est
d'éviter que ce bien commun ne
+subisse une tragédie. Du fait que le contenu de ce bien commun est
capable de
+renouvellement et n'a aucun coût marginal, la tragédie que nous
essayons
+d'éviter n'est pas celle de Garret Hardin, qui était
basée sur l'exhaustion
+inhérente des ressources naturelles d'un certain type. Mais il est
certain que le
+bien commun que nous faisons est susceptible d'être approprié et
détruit de la
+manière que vous suggérez.</p>
+
+<p>Ceux d'entre nous qui croient que la GNU GPL est une licence
particulièrement
+valable le croient parce que nous pensons qu'il y a d'autres licences qui
protègent
+trop faiblement le bien commun et qui pourraient être amenées
vers une forme
+d'appropriation qui a terme serait destructrice. C'est notre souci avec les
libertés
+présentées, par exemple, par la licence BSD. Nous sommes
inquiets que, bien que
+les libertés à court terme semblent plus grandes, les
résultats à long terme soient
+plus ceux que vous montrez, des participants au marché libres de
s'approprier le
+contenu du bien commun pourraient avoir suffisamment de succès dans
leur appropriation
+pour rendre le bien commun inutilisable en entier, tuant ainsi la poule ayant
pondu
+l'oeuf d'or directement.</p>
+
+<p>Donc, d'une certaine manière, je dirais qu'éviter la
tragédie du bien commun dans
+notre monde dépend de la structure de ce bien commun. Étant
uniquement une institution,
+ainsi que je l'ai déjà signalé précédemment
dans cette conversation, les biens
+communs nécessitent également une gestion active.</p>
+
+<p>Vous, en tant qu'avocat, vous vous engagerez soit pour la protection du
bien commun,
+soit pour sa non-protection. C'est une forme de loi pour les ressources
naturelles
+du XXIème siècle. C'est au sujet de la prise de conscience
qu'aucune machine ne peut
+se lancer elle-même, qu'elle nécessitera de l'aide pour pouvoir
achever ses buts
+précisément de la façon que vous avez en tête.</p>
+
+<p>La meilleure loi au monde sur les parcs nationaux n'empêchera par le
braconnage
+s'il n'y a personne volontairement engagé à sa défense.
Donc vous offrez une théorie
+générale de la possibilité de destruction du bien commun
et je suis d'accord avec vous.
+Je dirai deux choses. Nous pouvons établir un meilleur bien commun, et
nous pouvons
+combattre pour préserver ce bien commun fort et en bonne santé.
C'est ce à quoi je
+m'emploie. C'est ce à quoi j'espère, vous vous emploierez
également.</p>
+
+</div>
+
+<!-- If needed, change the copyright block at the bottom. In general, -->
+<!-- all pages on the GNU web server should have the section about -->
+<!-- verbatim copying. Please do NOT remove this without talking -->
+<!-- with the webmasters first. -->
+<!-- Please make sure the copyright date is consistent with the document -->
+<!-- and that it is like this "2001, 2002" not this "2001-2002." -->
+<!-- for id="content", starts in the include above -->
+
+<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" -->
+
+<div id="footer">
+
+<p>Pour les questions et requêtes relatives à la FSF &
+GNU : <a href="mailto:gnu@gnu.org"><em>gnu@gnu.org</em></a>.
+Autres <a href="/home.fr.html#ContactInfo">moyens pour contacter</a> la FSF.
+
+Merci d'envoyer des commentaires sur cette page web à <a
href="mailto:webmasters@gnu.org"><em>webmasters@gnu.org</em></a>,
+envoyer une autre question à <a
href="mailto:gnu@gnu.org"><em>gnu@gnu.org</em></a>.
+</p>
+
+<p>Copyright © 2004, Eben Moglen</p>
+
+<p>Verbatim copying and distribution of this entire article is
+permitted in any medium, provided this notice is preserved.
+</p>
+
+<p>La reproduction exacte et la distribution intégrale de cet
+article est permise sur n'importe quel support d'archivage, pourvu que
+cette notice soit préservée.</p>
+
+<p>
+Dernière mise-à-jour :
+<!-- timestamp start -->
+$Date: 2007/11/11 19:06:49 $
+<!-- timestamp end -->
+</p>
+
+<p>
+Traduction : Marc de Maillard.<br>
+Révision : <a href="mailto:address@hidden">address@hidden</a>
+</p>
+
+</div>
+
+<div id="translations">
+<h3>Traductions de cette page</h3>
+
+<!-- Please keep this list alphabetical, and in the original -->
+<!-- language if possible, otherwise default to English -->
+<!-- If you do not have it English, please comment what the -->
+<!-- English is. If you add a new language here, please -->
+<!-- advise web-translators@gnu.org and add it to -->
+<!-- - in /home/www/bin/nightly-vars either TAGSLANG or WEBLANG -->
+<!-- - in /home/www/html/server/standards/README.translations.html -->
+<!-- one of the lists under the section "Translations Underway" -->
+<!-- - if there is a translation team, you also have to add an alias -->
+<!-- to mail.gnu.org:/com/mailer/aliases -->
+
+<!-- Please also check you have the 2 letter language code right versus -->
+<!-- http://www.w3.org/WAI/ER/IG/ert/iso639.htm -->
+
+<ul class="translations-list">
+<li><a href="/philosophy/moglen-harvard-speech-2004.html"
title="English">English</a> [en]</li>
+<li><a href="/philosophy/moglen-harvard-speech-2004.fr.html"
title="French">Français</a> [fr]</li>
+</ul>
+</div>
+
+</div>
+</body>
+
+</html>
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- www/philosophy moglen-harvard-speech-2004.html ...,
Cédric CORAZZA <=