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Re: Droits d'auteur & co. (encore)


From: LIBON Victor
Subject: Re: Droits d'auteur & co. (encore)
Date: Mon, 17 Jan 2011 18:26:18 +0100

Bonjour,

Je vais encore l'air avoir l'air de me mêler de ce qui ne me regarde
pas, d'autant plus, que, depuis que j'ai, un jour, malencontreusement
perdu la notion du temps, en plus d'avouer que j'aimais Richard Strauss,
(un ami de Romain Rolland) et tout ça en html (de vrais gouts de
chiotte), je ne sais plus très bien si je suis encore le bienvenu sur
cette liste.

Mais comme j'ai du mal à fermer ma grande "bouche" dès que certains
sujets sont abordés, je me lance:

Le fait de rémunérer les artistes sous formes de droits d'auteurs, les
incite à l'autocensure. En effet, on ne va pas critiquer un système qui
permet à des spéculateurs financiers de véritablement faire plier des
états (Grèce, Irlande...) lorsqu'on espère soi-même toucher le jack-pot,
sous forme d'une rente à vie, pour avoir vendu un "disque d'or".

Ainsi, le critère de vente devient le critère de qualité. Je me souviens
m'être insurgé lors de la mort de Michael Jackson:

" La musique n'est pas qu'un simple produit de consommation agréable tel
que la barre de chocolat vendue dans notre hyper-marché favori.
        
        La musique est une science qui a une histoire. De Josquin
Després à Schoenberg en passant par Bach, Mozart, Schubert, Wagner,
Prokofiev, et aussi Charlie Parker ou John Coltrane, de grands maîtres
ont apporté leur pierre à l'édifice.
        
        Considérer Michael Jackson comme un "grand musicien", "un grand
artiste", "un grand créateur", est un véritable coup de poing dans la
figure de ceux qui consacrent leurs vies à l'art, et non au marketing.
        
        Nous n'entendrons plus Michael Jackson, c'est triste, mais pas
plus que de ne plus voir des 2cv ou des coccinelles sur nos routes."

Ensuite, on oublie trop souvent le droit naturel que nous avons de nous
nourrir (culturellement aussi) de ce que nous trouvons sur notre route.
Sans ce droit, il n'y aurait même pas de vie sur terre. Si nous
renonçons à ce droit naturel, et que nous respectons une loi qui
garantit l'intégrité des personnes et de leurs biens, c'est dans un
contrat social qui implique des droits et des devoirs pour les deux
parties.

Il est dès lors normal que le "clochard" aie le droit à un minimum de
culture de base, commune à tous, sous peine de le transformer en
"dangereux révolutionnaire", ce qui serait son droit le plus strict, car
sans "civilisation", il n'y a plus de contrat social. Si HADOPI ou autre
m'empêchait d'accéder à un minimum de culture de base, moi, je serais
prêt à descendre dans la rue!

Ainsi, depuis la chute de l'empire soviétique on oublie que la "paix
sociale" a un prix (cf l'économiste Daniel Cohen), et on subtilise le
profit des entreprises aux travailleurs. Dans les années 70, on parlait
encore de "civilisation des loisirs", et il n'y avait aucuns tabous à
imaginer un monde où certains travailleraient, en échange de certains
avantages, pendant que d'autres ne travailleraient plus du tout.

Si cette idée a été abandonnée, c'est que le capitalisme a préféré faire
du 3000% de bénéfice au lieu de 1500% (cf les pneus "Continental") en
délocalisant. Et si on culpabilise les gens qui reçoivent des
allocations de chômages, ce n'est pas parce qu'ils "profitent" du
travail de leurs camarades, mais parce que les capitalistes ne veulent
pas diminuer leurs profits, qu'ils veulent aligner les salaires payés
dans les pays développés sur ceux qui sont payés dans les pays dits
"émergents" (Brésil, Chine, Inde, Europe de l'Est), et mettre les
travailleurs en concurrence entre eux.

Si la paix sociale impose qu'on paie un minimum de survie aux très
pauvres, il serait aussi normal qu'on empêche les profits excessifs.
Ainsi les disques d'or de Johnny ou de Michael Jackson, tout comme les
voitures qui ont été les plus vendues, devraient appartenir au
patrimoine public, à la collectivité, et ne coûter que la matière
première et la main d'oeuvre nécessaire à leur fabrication. 

Continuer à faire des bénéfices là dessus, c'est entretenir une
concurrence déloyale, "verrouiller" la porte derrière soi, et devenir
"indéboulonnable".

Une classe sociale qui ne peut être "déboulonnée", ni par la
concurrence, ni par le vote démocratique, cela s'appelle une
"aristocratie". 

Aussi, ne pas fixer de limites aux bénéfices, ne pas placer dans le
domaine public les réalisations qui ont été amorties depuis longtemps,
c'est à terme, rétablir une aristocratie, et donc l'ancien régime.

Je crois qu'on ne peut pas parler des droits d'auteur sans rappeler le
contexte social dans lequel ceux-ci sont prélevés.

Je n'ai fait que donner mon avis, chacun le sien, et je ne suis pas prêt
à me disputer avec quiconque en aurait un différent du mien.

Je remercie les gestionnaires de liste de lilypond de laisser débattre
de tels sujets, qui n'ont qu'un rapport fort éloigné avec un logiciel
libre de gravure de partitions.

Cordialement.
        
-- 
LIBON Victor <address@hidden>




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